L’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ) reçoit une aide financière de 1 M$ du Programme canadien des priorités stratégiques de l’agriculture pour pousser plus loin l’analyse des données récoltées auprès des troupeaux laitiers du Québec. À terme, cette somme permettra de développer un outil numérique en mesure d’anticiper et de réduire les risques liés aux maladies métaboliques des vaches laitières.
Ce projet innovateur de l’AMVPQ est en quelque sorte la continuité d’un logiciel unique développé au Québec au début des années 1990 appelé le Dossier de santé animale (DSA). Ce dossier informatique, qui permet de suivre une vache laitière de sa naissance à sa mort, consigne différents éléments sur sa santé, sa reproduction, sa vaccination, ses maladies et ses traitements tout au long de sa vie.
Environ 75 % des troupeaux laitiers québécois utilisent ce logiciel, ce qui facilite la pratique des médecins vétérinaires en plus de permettre une standardisation des données inégalées en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. « L’implantation du DSA a été un véritable succès au Québec, au point où on s’est aperçu qu’on disposait d’une banque de données centralisées et mises à jour en temps réel qu’on pourrait utiliser encore davantage pour faire de la médecine préventive », poursuit le Dr Émile Bouchard, cochercheur sur le projet actuel et ayant contribué à développer le DSA il y a plus de 30 ans.
En faisant « parler ces données », l’AMVPQ veut en venir à identifier les facteurs de risque qui permettent de prévenir les maladies métaboliques dont souffrent les vaches laitières et qui peuvent entraîner une perte de productivité ou des prédispositions à d’autres maladies. Ces maladies métaboliques, le Dr Bouchard en parle comme du « gros cheval de bataille » des années 1970 des médecins vétérinaires appelés à visiter les troupeaux laitiers sur les fermes du Québec. Elles sont occasionnées par un débalancement ou une insuffisance alimentaire et elles s’observent surtout autour du vêlage lorsqu’une vache finit une gestation exigeante d’un point de vue métabolique, mais qu’elle doit ensuite se remettre à produire du lait en quantité plus élevée que ce qui est nécessaire pour nourrir un seul veau.
Les chercheurs impliqués dans le projet actuel veulent être en mesure de prévoir les déficits énergétiques chez les vaches laitières « à risque » afin d’agir en amont. Leur hypothèse de travail est qu’il serait possible de les détecter grâce à un outil prédictif ayant recours à l’intelligence artificielle. Ces modèles informatiques seront développés à partir d’un travail effectué sur un échantillon restreint de vache laitière et analysant différents paramètres sanguins. « Avec les modèles informatiques, il est plus facile de ressortir un constat, poser un diagnostic et intervenir », précise le Dr Bouchard.
Grâce au réseautage issu du DSA, l’AMVPQ pourra partager les données obtenues dans le cadre de ce projet de recherche et améliorer le travail des médecins vétérinaires dans l’ensemble du Québec. Les troupeaux laitiers appelés à participer au projet se trouvent principalement dans la région de Saint-Hyacinthe, à proximité de la Faculté de médecine vétérinaire.