Le lundi 5 juillet dernier, c’était un « bon jour » pour Claude Béchard. L’un de ces jours où le corps et l’âme font moins mal. Depuis son bureau de Québec, le député de Kamouraska-Témiscouata nous accordait une entrevue au cours de laquelle, ouvertement, il a fait le point sur son état de santé et sur les dossiers politiques en cours.
« Comment ça va? » Cette première question s’impose d’elle-même. « Ça dépend des jours, aujourd’hui ça va. Il y a de très bonnes journées et de très mauvaises », répond M. Béchard. La voix est bonne.
D’ailleurs, Claude Béchard dit que depuis qu’il a repris ses fonctions ministérielles, son rythme de travail est presque le même qu’avant sa rechute. « Tu reviens ou tu ne reviens pas, tranche-t-il. Tu ne peux pas faire ce genre de job à moitié. »
M. Béchard est sur le Conseil du Trésor, sur le comité des priorités et préside le comité de développement économique, ce qui représente trois réunions par semaine. S’ajoutent le conseil des ministres, le caucus des députés et autres rencontres.
Claude Béchard peut compter sur une équipe, en place depuis plusieurs années dans ses bureaux de Québec, Saint-Pascal et Pohénégamook, qui connaît très bien les dossiers. Ce qu’il trouve le plus difficile est de fixer des rendez-vous trois semaines ou un mois à l’avance alors qu’il ne sait pas comment il va se sentir le jour venu. « Il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire au téléphone », note toutefois Claude Béchard.
Rechute difficile
En juin 2008, M. Béchard a été opéré pour un cancer du pancréas. Rétabli, il reprenait graduellement le travail à compter du mois de novembre. En janvier 2010, une récidive de la maladie l’a conduit à nouveau sur la table d’opération.
Claude Béchard ne cache pas qu’il a trouvé sa rechute très difficile autant pour le corps que pour le moral. L’hospitalisation qui devait durer une dizaine de jours a été beaucoup plus longue que prévu. En l’espace d’un mois et demi, il subissait deux chirurgies consécutives.
« La 1re fois, quand je suis sorti de l’hôpital, tout était beau, y’avait plus de cancer, c’était des traitements préventifs. Là, je suis sorti avec la bête », dit M. Béchard. La douleur est là pour le lui rappeler.
« À 41 ans, t’es censé être dans les meilleures années de ta vie. Ce sont celles où j’ai été le plus faible », poursuit M. Béchard. Même tondre le gazon peut devenir une corvée. Cette situation l’oblige à prendre les choses une demi-journée à la fois.
Inquiet, Claude Béchard avoue que certains jours, il a du mal à se débarrasser des idées noires qui prennent toute la place. « C’est dur d’être motivé quand tu vois les lumières blanches s’allumer sur la table d’opération », lance-t-il.
Les enfants
Dans ces moments pénibles, c’est la présence de ses deux filles qui le pousse à continuer. « Mon rêve, ce n’est pas de dire que je veux vivre jusqu’à 80, 90 ans. La seule chose que je demande, c’est de voir les enfants être établis dans la vie, de savoir ce qu’elles vont faire, les savoir en sécurité; savoir qu’elles ont réussi leur jeunesse, leur adolescence; qu’elles peuvent voler toutes seules », ajoute Claude Béchard.
M. Béchard avoue être touché par le climat de sympathie qui l’entoure. « C’est formidable », dit-il, même s’il n’arrive pas à se l’expliquer. « Je suis en politique, je ne suis pas une vedette, un artiste, un comédien ou un chanteur. »
Un groupe d’encouragement sur le réseau Facebook regroupe 1 500 membres qui lui laissent des messages, disent qu’ils prient pour lui. Même s’il ne peut répondre, M. Béchard est très touché par ces petits mots. « C’est super motivant, super gentil », dit-il.
En parler
Alors qu’il pourrait bien fermer la porte sur ses ennuis de santé, Claude Béchard accepte d’en parler. On a pu le voir se confier à Josélito Michaud à l’émission « On prend toujours un train. » Récemment, une entrevue a été publiée dans le quotidien La Presse.
Pourquoi cette ouverture? Beaucoup de gens sont touchés par la maladie et Claude Béchard veut leur envoyer le message, que la seule façon de perdre c’est d’arrêter de se battre, que même si c’est difficile, on peut passer à travers. Lui-même, malgré les statistiques alarmantes, a choisi de livrer le combat.
Une réforme agricole
Et, lorsque l’entrevue bifurque vers son travail de ministre, la voix devient plus forte, plus directe. On l’imagine facilement, galvanisé, se redressant sur son fauteuil. La bête politique sort de lui comme un loup-garou un soir de pleine lune.
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec veut doter le Québec d’une politique agricole. « La loi sur le zonage agricole a été un gros pas en avant », dit Claude Béchard. Mais, il est temps, selon lui, de revoir toute la question agricole et de l’encadrer dans une juridiction moderne qui tient compte de la place des produits agricoles québécois dans le monde.
Une grande réflexion mènera à l’adoption de la loi en juin ou décembre 2011. « Toutes les questions sont sur la table », affirme le ministre Béchard. L’aspect budgétaire ayant été réglé avec la Financière agricole, reste la question légale, dit-il.
Également ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard cite aussi la Réforme de la carte électorale et du financement des partis politiques comme priorités politiques.
Au sein de sa circonscription, Claude Béchard suit de près le dossier de Bombardier, convaincu que les décisions prises jusqu’à ce jour ont été les bonnes. Il continue à appuyer les employés du Syndicat de l’entreprise.
Quelques programmes d’infrastructures municipales et des projets de cours d’école sont aussi sur sa table de travail régionale.