Deux ans moins un jour de prison pour Kevin St-Onge

Kevin St-Onge au Palais de justice de Rivière-du-Loup jeudi. Photo : Stéphanie Gendron

Kevin St-Onge de Saint-Pascal a pris la direction de la prison de Rimouski jeudi pour les deux prochaines années. Celui qui a leurré huit victimes de 11 à 17 ans et qui a envoyé des photos non désirées de ses parties intimes et des vidéos de lui en train de se masturber ne pourra pas utiliser les réseaux sociaux pendant six ans.

Pour ces raisons, il passera les deux prochaines années derrière les barreaux et sera inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité.

«Il est allé à la pêche, à la chasse. Mais les victimes ont été vigilantes», a résumé la procureure de la couronne Me Manon Gaudreault.

Saint-Onge utilisait les réseaux sociaux, principalement Snapchat, pour leurrer des jeunes filles et faire de l’exhibitionnisme. Seuls points communs : il connaissait toutes ses victimes et elles étaient toutes mineures.

Sa plus jeune victime avait 11 ans au moment des faits. Il lui a envoyé une photo de son pénis ainsi qu’une vidéo en train de se masturber et lui a demandé de lui envoyer une photo d’elle. Elle lui a plutôt envoyé une photo d’un vagin trouvée via Google et a refusé de le rencontrer. Il a répété sensiblement le même manège avec sept autres jeunes filles, qui ont toutes refusé d’envoyer des photos.

«Bravo! Bravo aux huit victimes qui se sont tenues debout. C’est un exemple à suivre. Ça donne l’exemple aussi à tous les parents de jeunes de 11-17 ans de sensibiliser les enfants à Internet. C’est un rappel à l’ordre pour tous», a résumé la juge Luce Kennedy. Si les jeunes filles avaient accepté, c’est un dossier de possession de pornographie juvénile qui aurait pu s’ajouter, a-t-elle dit.

Reste que plusieurs facteurs aggravants ont été énumérés à la juge, qui devait donner suite à la proposition commune des deux avocates sur la peine à imposer à St-Onge.

Il a été insistant et a abusé de la confiance de ses victimes, qu’il connaissait. Les événements se sont déroulés sur environ deux ans. Certaines de ses victimes ont subi des séquelles; anxiété, peur. Peur de le croiser ou d’entrer en contact avec lui, par exemple.

Par contre, l’homme de bientôt 22 ans – il avait 18 ans et 19 ans au moment des faits – s’est trouvé un emploi sur une ferme après son arrestation et a entrepris des thérapies.  Du travail a été fait sur son manque de confiance en lui qui l’aurait mené à trouver plus facile d’approcher des enfants plutôt que des femmes de son âge. Un rapport indique que son risque de récidive est moyen. Qui plus est, il a plaidé coupable et a toujours collaboré avec les autorités.

Avant de se faire mettre les menottes aux poignets, il s’est adressé à la juge, alors que se trouvaient dans la salle deux de ses victimes et ses propres parents, qui l’accompagnaient. «Je m’excuse auprès des victimes. Ce n’est pas facile pour elles. Elles m’ont fait confiance, ç’a mal viré», a-t-il dit d’une voix tremblante.

Peine

La peine de deux ans moins un jour permet à St-Onge d’aller dans une prison provinciale plutôt qu’un pénitencier fédéral. En passant par la prison provinciale, il a la possibilité, s’il est accepté, de bénéficier de thérapies spécialisées au centre de détention de Percé. La juge l’a fortement recommandé. Aussi, il peut suivre d’importantes conditions de probation pendant quelques années, assurant un filet de sécurité autour de lui.

Il suivra trois ans de probation, quatre ans sans avoir droit aux réseaux sociaux, sans s’approcher de mineurs à moins d’être avec sa famille immédiate. Pendant deux ans, il ne pourra pas aller à des piscines, terrains de garderies, d’écoles, etc., encore là sans être accompagné de sa famille immédiate. Il ne pourra pas non plus communiquer avec ses victimes.

Délinquant sexuel

Au printemps dernier, l’avocate de Kevin St-Onge avait indiqué qu’elle voulait débattre du fait qu’il devait, en raison de la nature de ses crimes, être inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité. Elle suggérait plutôt 20 ans.

Finalement, ce débat n’aura pas lieu. Son avocate Me Vanessa Soucy a expliqué qu’il souhaitait tourner la page entièrement jeudi et ne voulait pas revenir en cour pour le débat sur la question. Elle a ajouté que St-Onge pourrait faire une demande de révision dans quelques années, s’il le souhaitait.