Dur dur de développer : Le milieu pocatois et le parc bioalimentaire

Vincent Bérubé. Photo : Maxime Paradis.

Développer en ayant une vision précise en tête semble être un véritable chemin de croix pour nos municipalités. Quand ce n’est pas des groupes de pression qui mettent des bâtons dans les roues, les embûches se rencontrent parfois au sein même de l’appareil gouvernemental provincial. Le parc bioalimentaire, un projet poussé conjointement par La Pocatière et Sainte-Anne-de-la-Pocatière, est de ceux-là.

L’idée d’établir un parc bioalimentaire sur les terrains entourant le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) ne date pas d’hier. Depuis au moins 10 ans que la Municipalité de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et la Ville de La Pocatière caressent ce projet.

Le CDBQ étant un lieu prisé pour la recherche dans le domaine bioalimentaire, en plus d’accueillir des entreprises en démarrage au sein de son incubateur, le souhait du milieu pocatois a toujours été d’y voir un parc consacré exclusivement à cette vocation se développer dans son pourtour. La proximité géographique qui serait ainsi créée entre les futures entreprises qui s’y établiraient et le CDBQ permettrait de créer une synergie qui stimulerait encore davantage le développement de ce secteur d’activité dans la région, en plus de repousser les limites de l’innovation dans le domaine bioalimentaire.

Seule ombre au tableau : les terres promises pour ce parc bioalimentaire se situent en zone agricole, bien qu’elles se trouvent pourtant dans la poursuite du périmètre urbain de la Ville de La Pocatière vers la Municipalité de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Après deux passages devant la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) par les deux municipalités, il a été accepté le 28 janvier 2020 l’exclusion d’une superficie de 4,26 hectares de la zone agricole se trouvant strictement à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à l’intersection du 2e rang et de la route Sainte-Anne Saint-Onésime. La partie de 4,64 hectares de terres située à La Pocatière a quant à elle été refusée, sous prétexte que la Ville dispose d’autres espaces à développer au sein de son nouveau Parc industriel Charles-Eugène-Bouchard, terrains qu’elle souhaite toutefois conserver à de futures industries lourdes.

« On essaie de faire du développement local et régional, et chaque fois, on se fait dire par Québec qu’ils sont mieux placés que nous pour déterminer ce qui est bon ou non pour nos milieux. Quand ce n’est pas la CPTAQ, c’est un ministère », avait à l’époque déclaré Rosaire Ouellet, maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Nouvelle offensive

Élu par acclamation le 1er octobre dernier, le nouveau maire de La Pocatière Vincent Bérubé confirmait au Placoteux qu’une nouvelle offensive serait tentée prochainement auprès de la CPTAQ. La demande serait toutefois plus modeste, puisque le dézonage de seulement 2 hectares du côté La Pocatière serait réclamé.

« On s’est fait suggérer d’adopter cette stratégie. Il semblerait que la bouchée était peut-être trop grande lors de notre précédente demande », a mentionné le nouveau maire, qui trouve cependant dommage qu’il soit impossible de pouvoir prévoir davantage.

Il faut aussi dire que la donne a depuis changé. Le centre collégial de transfert de technologie (CCTT) Biopterre regarde actuellement pour faire l’acquisition d’une bonne partie de la parcelle « dézonée » en 2020 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Selon Marie-Claude Deschênes, directrice générale du Cégep de La Pocatière, établissement collégial auquel Biopterre est rattaché, le projet consisterait à y construire des serres utilisables 12 mois par année et à la fine pointe de la technologie. Biopterre y conduirait ses projets de recherches et l’infrastructure servirait également aux étudiants du Cégep de La Pocatière inscrits au programme étudiants-chercheur. L’investissement total frôlerait les 6 M$.

« Si Biopterre se signe, on espère que ça puisse donner du poids à notre nouvelle demande de dézonage auprès de la CPTAQ. On aurait là la preuve qu’il y a une demande au sein du parc et que l’espace actuellement autorisé ne suffit pas », conclut Vincent Bérubé.