Le marché des assurances semble dur sur l’agricole, comme en témoigne une nouvelle coopérative de maraîchers récemment installée à Saint-Germain qui cumulent les non de la part des assureurs.
Après avoir obtenu du financement du MAPAQ, de la Financière agricole et du Réseau d’investissement solidaire du Québec pour son projet, La Pagaille-coop paysanne n’arrive pas à se faire assurer.
« Les réponses ne sont jamais claires, on nous dit à cause des “activités” de façon générale. D’autres ont dit à cause de la culture de champignons dans la forêt, mais on a retiré les champignons et ils ont dit non quand même. On s’est tournés vers les assurances à plus haut risque et encore là, ça dit non pour le maraîcher », dit Camille Perron-Thivierge de La Pagaille.
On leur a aussi soumis que l’âge et l’état des bâtiments de la ferme étaient problématiques, comme raisons pour ne pas les assurer. À cet effet, la coopérative aura justement les fonds pour rénover grâce aux différentes aides financières. Toutefois, comme c’est l’habitude pour les créanciers, la Financière agricole a demandé d’assurer les biens qui seront rénovés et aménagés pour avoir accès au financement.
Si on dit comprendre la raison évoquée des bâtiments âgés, la coopérative rappelle que le financement de 265 000 $ est confirmé par des lettres d’intention. « Ce financement est consacré, entre autres et en grande partie, à la réfection des bâtiments. Par contre, pour avoir accès au décaissement du financement, nous devons avoir une assurance. Nous ne pouvons avoir accès au financement pour réparer nos bâtiments si nous n’avons pas d’assurances et nous ne pouvons avoir d’assurances si nous ne réparons pas les bâtiments. Autant dire qu’en ce moment c’est l’œuf ou la poule. Nous ne savons plus où donner de la tête », ajoute Camille Perron-Thivierge.
L’Union des producteurs agricoles se dit d’ailleurs préoccupée par cette situation, autant pour les refus d’assurer que les primes à la hausse, remarquées ces derniers temps. Cela fait deux ans que Me Marie-Andrée Hotte travaille sur ce dossier pour l’UPA.
« Le marché de l’assurance est qualifié de dur, il n’y a pas de compétition, les assureurs n’auraient pas une grande rentabilité dans ce secteur-là et on nous dit qu’ils auraient maintenu leurs primes d’assurances trop basses pendant trop d’années. On se fait dire que ce n’est pas très rentable d’assurer l’agricole », a dit Me Hotte.
Résoudre cette problématique semble complexe, mais l’UPA s’approcherait d’une solution. « On est en train d’essayer de mettre en place un programme d’assurances pour les producteurs agricoles au Québec. C’est long à bâtir. On ne veut pas partir une autre mutuelle pour le plaisir. On veut bâtir un programme où il y aurait un seul courtier avec une pluralité d’assureurs », ajoute Marie-Andrée Hotte.
Pendant ce temps, La Pagaille poursuit ses sorties sur le sujet pour déplorer la situation. « Est-ce vraiment les compagnies d’assurances qui auront droit de vie ou de mort sur l’avenir de l’agriculture ? Sommes-nous vraiment en train d’accepter que les compagnies d’assurances décident de la façon dont se nourrira le Québec à l’avenir ? », conclut le groupe.
*** AJOUT *** Suite à de nombreuses discussions et après la sortie de l’article dans la dernière édition, La Pagaille a fini par obtenir un contrat avec Co-operators.