La balle au mur du Collège revalorisée par une gigantesque œuvre artistique éphémère

Nicolas Laverdière en plein travail. Photo : Maxime Paradis

Scie à onglet, échafaudages, bois et peinture; il n’y a pas eu autant de vie depuis longtemps à la balle au mur du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Depuis le 1er août, Nicolas Laverdière (L. solo) a investi les lieux. Il y travaille une gigantesque structure dans l’un des courts, une œuvre éphémère ludique aux accents d’art populaire, qui rendra justice à cette énorme structure en manque d’amour depuis trop longtemps. 

Nicolas Laverdière a lui-même approché Vrille Art actuel pour faire une résidence de création à La Pocatière. Avant même d’avoir foulé le sol pocatois, il savait que le sport serait au cœur de son prochain projet.

En compagnie de Marie-Claude Hains, présidente de Vrille, il s’est lancé dans une tournée des différents terrains sportifs de la ville, sans jamais être réellement inspiré par ce qu’il voyait.

« La balle au mur a été le dernier que j’ai visité, et Marie-Claude insistait fort pour que je la voie. Elle a eu raison. Je suis ensuite parti en voyage avec ma blonde durant trois mois, sans jamais être capable de m’enlever ce site de la tête », a raconté l’artiste.

Tout n’était pas gagné pour autant : il fallait l’autorisation du Collège, et financer le projet, deux embûches qui se sont révélées ne pas en être. La monumentalité du lieu est plutôt ce qui a donné du fil à retordre à l’artiste, habitué de travailler à des installations d’art contemporain de ce type, mais en trio, comme il a fait durant 25 ans avec le collectif BGL. La balle au mur du Collège a dix courts. Chacun mesure 23 pieds de largeur par 35 pieds de hauteur.

S’il avait eu temps et argent, il se serait attaqué à tout le site, mais dans le cadre de sa résidence de création, Nicolas a choisi de n’investir qu’un seul court, ce qui est bien suffisant. « J’ai mal mesuré l’ampleur du projet, je dirais. J’ai sous-estimé à quel point je devais souvent être en duo pour avancer l’œuvre. Alors oui, je dirais que j’ai été un peu naïf », dit-il.

Faire fi des règles

Le projet avance tout de même à vitesse grand V. Avant la troisième, voire même la quatrième semaine d’août, rien n’était réellement perceptible à la balle au mur.

Nicolas l’avoue lui-même, il a amplement tergiversé durant la première semaine, avant de s’arrêter sur le concept final. Lors de la deuxième semaine, il s’est appliqué à réaliser une maquette de l’œuvre à l’échelle, dans l’antre de la balle au mur transformée en atelier.

Le montage des échafaudages et la peinture n’ont pas débuté avant la troisième et la quatrième semaine d’août. Le 6 septembre en matinée, l’œuvre était passablement avancée, au point qu’il était facile de comprendre l’orientation prise par l’artiste.

« Tout sera prêt pour le vernissage, le 23 septembre. Il le faut », assure Nicolas, qui reconnaît qu’à un moment ou un autre, un artiste doit toujours lâcher prise dans sa quête de « l’œuvre parfaite ».

Inspiré à la fois par la structure de balle au mur et par la démarche médiatrice de Vrille Art actuel, Nicolas Laverdière a imaginé un gigantesque terrain de jeu à la verticale, qui emprunte d’un côté le marquage au sol d’un sport comme le basketball, tout en pigeant dans l’univers des jeux d’adresse et des fêtes foraines, un univers qu’il a déjà exploré par le passé avec le collectif BGL.

« Comme je savais qu’il y aurait un vernissage, je voulais que le public puisse s’amuser, rigoler, créer ses propres règles de jeu à partir de l’œuvre que je leur propose », poursuit-il.

Cette installation participative porte le nom de travail Depuis demain. Plus l’œuvre avance, plus Nicolas Laverdière pense toutefois à un titre comme À l’ombre des règles, un clin d’œil à cette idée que le spectateur puisse s’amuser comme il l’entend en se faisant son propre jeu, sans se soucier de réels règlements.

Quelque chose comme le titre final devrait certainement être connu lors de la présentation de l’artiste et de son atelier dans l’antre de la balle au mur, le jeudi 21 septembre à 19 h, ou encore lors du vernissage prévu deux jours plus tard, le 23 septembre à 14 h, où le public sera convié à découvrir tout le côté ludique de cette œuvre éphémère en participant à quelques joutes amicales improvisées.

Maquette de l’œuvre réalisée par Nicolas Laverdière. Photo : Maxime Paradis
Nicolas Laverdière dans le court retenu pour son œuvre. Photo : Joannie Lafrenière
Avancée de l’œuvre à la fin août. Photo : Pilar Macias