Une centaine de passionnés des champignons forestiers se sont rassemblés au cégep de La Pocatière le 16 février dans le cadre du deuxième Sommet du mycotourisme au Québec. Cueilleurs, cultivateurs et autres acteurs du tourisme régional ont pris part à des conférences, des panels et des ateliers pour discuter de l’avenir de ce loisir dans la province.
Cet événement s’adressait à toutes les régions du Québec, mais la majorité des participants arrivaient du Kamouraska et de la Mauricie. En fait, cette dernière a été l’hôte du premier Sommet du mycotourisme, qui a eu lieu en 2019. L’engouement pour les champignons forestiers dont fait preuve cette région serait en train de s’étendre, notamment au Kamouraska.
Découverte du champignon
Si les champignons sont en vogue au Québec aujourd’hui, cela n’aurait pas toujours été le cas. Plusieurs panélistes et conférenciers tels que François de Grandpré, professeur au département d’études en loisir, culture et tourisme de l’UQTR, ont affirmé avoir observé une montée en popularité fulgurante de la mycologie. Quand le professeur a pris la parole pour commenter que le mycotourisme atteignait sa « vitesse de croisière », un applaudissement a retenti dans la salle.
Pour Lorraine Hallé, mycologue aux Champignons du Lac-Édouard, un des plus beaux cadeaux qu’elle soit capable d’offrir est celui de la transmission de sa passion. Elle affectionne particulièrement les moments où quelqu’un s’enthousiasme en trouvant une des espèces cibles de leur excursion en forêt. « Après cela, la personne sera capable de reconnaître le champignon, puisqu’elle l’a vu dans son milieu naturel », soutient-elle.
Tourisme durable et responsable
Les participants au sommet démontraient un intérêt évident à accroître le tourisme mycologique dans leurs régions respectives. Cependant, ils s’inquiétaient aussi de la pérennité du loisir. Un des facteurs de pression les plus importants sur les champignons forestiers du territoire serait la perte de leur habitat. On nomme l’aménagement de pistes de ski alpin et de vélo de montagne, ainsi que le développement d’immeubles à condos dans les centres de plein air comme exemples de perturbateurs.
Le mycotourisme durable passerait aussi par un bon modèle d’affaires, selon Carl-Éric Guertin, directeur général de la Société du réseau ÉCONOMUSÉES. Il incite les entrepreneurs sur place, par exemple, à diminuer leurs frais de fonctionnement, à se distinguer des autres entreprises de leur région, et à demeurer attirants auprès de la main-d’œuvre.
La question des assurances a également été soulevée à plusieurs reprises. Pour de nombreux entrepreneurs mycologiques, il serait difficile de trouver une compagnie d’assurance convenable, à tel point que certains choisissent d’opérer sans elle. Ils souhaiteraient pouvoir se faire assurer à moindre coût, ainsi que par une compagnie locale.
Lorsque sondés sur leurs conseils aux personnes désireuses de se lancer en mycotourisme, les panélistes ont mentionné plusieurs éléments à prendre en compte. Nadia Vaillancourt, qui est à la tête de La Cabottine — Saveurs indigènes, appelle à prendre conscience du travail que nécessite ce type d’entreprise. Judith Noël Gagnon, directrice chez la Mycoboutique, les encourage à développer leurs compétences par l’entremise de formations. Renaud Longrée, représentant de Myco-Sylva, souligne pour sa part la nécessité d’être militant, surtout en ce qui a trait à la protection des habitats forestiers.
Le sommet a aussi donné lieu à une dégustation de desserts mycologiques, à un atelier sur la mise en marché et la promotion du mycotourisme, ainsi qu’à un panel sur la gastronomie des champignons.
