Le prix de l’occupation illégale de la Palestine

Frontière entre Gaza et Israël. Photo : Levi Meir Clancy (Unsplash.com)

Les guerres sont toujours insensées et brutales : on n’aurait jamais cru Poutine assez irresponsable pour vouloir s’emparer de l’Ukraine… ni le Hamas assez suicidaire pour déclencher un tel engrenage de barbarie contre l’existence même d’Israël. Mais les guerres ont aussi toujours une cause, généralement un problème qu’on a trop longtemps voulu ignorer.

La guerre cruelle déclenchée par le Hamas, un groupe musulman radical qui s’oppose à l’existence même d’Israël en Palestine, place chacun de nous et les pays du monde dans une situation partagée, qui me rappelle un peu celle des Québécois face aux gestes du FLQ en 1970.

Tout en s’opposant aux intentions et aux méthodes terroristes du Hamas, on ne peut être insensible à la dépossession qu’ont subie les Palestiniens lorsque l’ONU a taillé, en 1948, à même les terres qu’ils occupaient depuis des siècles, un pays pour les Juifs pourchassés un peu partout dans le monde (résolution 181); et encore moins insensible à l’occupation et à la colonisation d’une grande partie de la Palestine restante par les colons et l’armée israélienne jusqu’à aujourd’hui, occupation et colonisation officiellement condamnées et jugées illégales par l’ONU (résolution 242).

Au total, l’espace palestinien occupé par Israël est passé de 55 % en 1948 à 81 % et même plus depuis la guerre des Six-Jours en 1967. Plus de cinq millions de Palestiniens déplacés vivotent encore dans des camps de réfugiés en Jordanie, en Égypte, en Syrie, au Liban et à Gaza, et attendent le jour où ils pourront revenir chez eux. C’est même ce qui a fait échouer les plans de paix parrainés par les États-Unis et l’Égypte (Camp David 1979, Oslo 1993, Caire 1994), qui ont créé l’Autorité palestinienne (Yasser Arafat), elle aussi sans succès.

Depuis quelques années, la position d’Israël, de son côté, sous la pression des partis religieux radicaux alliés à Netanyahou, n’a cessé de se durcir et de forcer l’implantation de nouvelles colonies juives en territoire palestinien occupé. Et le monde a fermé les yeux sur le drame des Palestiniens, à tel point que, grâce aux Accords d’Abraham parrainés par Donald Trump et la Russie, plusieurs pays arabes avaient ou étaient en voie de normaliser leurs relations diplomatiques et commerciales avec Israël, au désespoir de leurs frères palestiniens.

Dans ces conditions, il était inévitable que des mouvements radicaux, carrément terroristes et sans loi, s’emparent du désespoir des Palestiniens et torpillent toute possibilité de paix négociée. C’est le cas du Hamas qui a pris le contrôle de la bande de Gaza, dont Israël avait fait une véritable prison à ciel ouvert.

Dans la razzia sans précédent qu’il vient d’effectuer en Israël, le Hamas a tout fait éclater au grand jour : les négociations de paix, l’hypocrisie d’Israël et de ses alliés, les Accords d’Abraham, l’occupation et la colonisation illégales, le gouvernement de Netanyahou qui n’a pas su protéger ses citoyens, l’appui de l’Iran, et l’avenir même d’Israël. Et ce n’est que le début d’une guerre dont on ne sait pas jusqu’où elle ira.

Le Hamas, ce n’est pas tous les Palestiniens, bien sûr, et si leur cause est en partie légitime, les moyens qu’ils prennent pour la défendre ne sont pas acceptables. Mais le problème demeure : deux peuples qui réclament le même pays et s’entretuent depuis 75 ans. Face aux massacres sans nom auxquels nous assistons, il faudrait être aveugle, hypocrite et irresponsable pour l’ignorer. Certains politiciens, dont les nôtres, jouent encore à l’autruche.