Après celle de Lac-Frontière, acquise par la municipalité à l’automne 2013 et devenue un centre multifonctionnel, voici que c’est maintenant l’église de Notre-Dame-du-Rosaire qui est à vendre. Toutefois, on ne sait pas encore ce qu’il adviendra du monumental temple de pierres, construit en 1909, qui pourrait même être démoli. L’annonce a été faite au complexe municipal, en présence d’une trentaine de paroissiens, de membres de la fabrique et d’une représentante du conseil municipal.
La fabrique a dû se résoudre à se départir du bâtiment après plus de cinq ans de rencontres d’information et de consultations auprès de la population. « Malgré les efforts du conseil de fabrique pour sensibiliser la population, la situation financière ne cessait de se détériorer depuis une dizaine d’années », de mentionner le président d’assemblée du conseil de fabrique, M. Jean-Pierre Després.
« La diminution des revenus et l’accroissement des dépenses de fonctionnement et aussi les réparations majeures incontournables et impossibles à réaliser ont contribué, entre autres, à cette décision », a-t-il ajouté.
Comme c’est le cas ailleurs au Québec, la diminution de la pratique religieuse et, surtout, selon lui, « la difficulté de rallier les paroissiens à travailler à la recherche d’autres usages pour assurer la sauvegarde de l’église et l’indifférence constatée, malgré de nombreuses rencontres, sont des éléments importants qui ont amené à la décision de mettre l’église en vente ».
Le président d’assemblée du conseil de fabrique, M. Jean-Pierre Després, annonçant la mise en vente de l’église.
Pas de municipalisation
Contrairement à Lac-Frontière, la population de Notre-Dame-du-Rosaire s’est opposée à la prise en charge de l’église par la municipalité. Une consultation, sous forme de questionnaire, a été faite auprès de « toutes les personnes majeures » de la communauté. Le taux de réponse a été de 42 % et le choix, « indiqué sans équivoque », a été « la vente de l’église », de révéler M. Després.
Depuis janvier 2014, les offices se tiennent à la salle communautaire municipale. La demande pour la fermeture et la disposition du temple et de son contenu a été acceptée par les autorités diocésaines le 30 septembre.
On s’en doute bien, « c’est avec le cœur lourd et une profonde tristesse que les membres du conseil de fabrique en sont arrivés à la disposition du bâtiment de l’église, l’une des plus belles de la région », d’ajouter le président. Mentionnons que celle-ci, bien que majestueuse et plus que centenaire, n’a pas été reconnue comme bien patrimonial religieux.
Avenir
« Il est important de spécifier que l’aliénation ou la démolition de la bâtisse, de même que de son contenu religieux et patrimonial (biens de la fabrique) nécessiteront l’autorisation de l’évêque », de mentionner M. Després. L’endroit devra également être désacralisé.
L’église n’est plus chauffée. L’électricité y est toujours branchée, entre autres, pour des raisons d’assurance et de sécurité incendie. Pour l’instant, aucune organisation ne s’est réellement manifestée pour réutiliser les lieux. « Des bruits circulent à l’effet que des gens seraient intéressés. Mais je ne les ai pas encore vus… », laisse-t-il entendre. Toute proposition sera évidemment étudiée avec intérêt. Pour l’instant, aucun délai n’a été fixé pour la disposition de l’immeuble.
« Nous avons fait faire le carnet de santé de l’église, de mentionner le président de la fabrique, et, selon les architectes, sur une période de 15 à 20 ans, ils ont déterminé qu’il en coûterait 1,350 M$ pour la rafistoler. À l’heure actuelle, la fabrique fait des déficits de l’ordre de 15 000 $ par année, et nous ne sommes pas éligibles aux subventions. Alors comment voulez-vous qu’on… [l’entretienne] », de laisser tomber le président de la fabrique. Il espère encore qu’un organisme puisse développer un projet, « peut-être avec un programme comme infrastructure Québec-Municipalité », suggère-t-il.
Réflexions
D’autres comités sont actuellement à étudier l’avenir de leurs églises, entre autres, à Rivière-Ouelle, à Saint-Germain-de-Kamouraska, à Saint-Aubert, où l’église pourrait être municipalisée.
« La réflexion se fait pour toutes les églises de la région », de dire l’abbé Justin Picard, administrateur paroissial dans Montmagny-Sud. « Pour Sainte-Apolline, nous avons une réunion la semaine prochaine. Sainte-Euphémie… Toutes nos églises sont en questionnement », ajoute-t-il. « On peut même dire que toutes nos églises sont excédentaires », de renchérir Me Yvan Thériault, l’économe du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Alors, les projets de réutilisation sont les bienvenus.
D’ailleurs, comme cela a été le cas au Kamouraska, une journée de réflexion au sujet de l’avenir des églises est en préparation pour la MRC de L’Islet. Cela devrait avoir lieu au printemps, selon M. Thériault.
Pour ce qui est de l’église de Notre-Dame-du-Rosaire, le spectre de la démolition rôde et l’on a peine à imaginer le vide que laisserait dans le paysage la disparition de cet édifice monumental, juché sur la colline, au cœur du village.
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