LA POCATIÈRE – Le 8 septembre prochain, à 19 h 30, à la Salle André Gagnon de La Pocatière, la Fondation soins palliatifs André-Côté invite la population à une lecture théâtrale. Mme Édith Fournier racontera son expérience de proche aidante auprès de sa mère et, depuis 12 ans, de son mari, atteints tous deux de la maladie d’Alzheimer.
Il y a une trentaine d’années, la mère de Mme Fournier a été atteinte de la maladie d’Alzheimer. Pour Édith Fournier, il s’agissait d’une répétition en vue d’un autre drame qui allait se jouer quelques années plus tard. Son mari, le cinéaste Michel Moreau, à 66 ans, sera lui aussi atteint de cette maladie de l’oubli conjuguée avec du parkinson.
Les 1ers symptômes d’une maladie qui allait par la suite s’avérer être l’Alzheimer sont apparus en 1998. Mme Fournier garde son mari avec elle à la maison pendant sept ans avant de se résoudre à le conduire dans un Centre hospitalier de soins de longue durée.
Deux livres et un film
« J’ai rapidement senti le besoin d’écrire », raconte Mme Fournier en entrevue téléphonique. Au départ, Édith Fournier écrit pour elle, sans songer à une éventuelle publication. « En 2005-2006, j’ai regardé ce que j’avais écrit et j’ai réalisé que cela pouvait faire un livre », dit-elle. Une phrase prononcée par son mari au début de sa maladie deviendra le titre du livre : « J’ai commencé mon éternité. »
Mme Fournier avait tout de même une expérience de l’écriture, puisqu’elle avait, entre autres, publié en 1983 un récit intitulé « La mère d’Édith », en lien avec l’expérience qu’elle avait vécue auprès de sa mère pendant huit ans. L’Office national du film a aussi produit un documentaire : « Édith et Michel ».
Lecture théâtrale
Après avoir vu ce film et lu le 1er livre, la femme de théâtre Marie-Louise Leblanc lira le manuscrit du 2e livre à paraître et proposera à Mme Fournier de faire une mise en lecture théâtrale de certains extraits des deux livres. Elle accepte le projet.
Au début, ce sont les comédiennes Françoise Faucher et Louise Laparé qui présentent la lecture théâtrale. Mme Fournier les accompagne pour animer la discussion. Maintenant, Édith Fournier fait à la fois la lecture et l’animation. Il ne s’agit pas d’une histoire triste, dit-elle.
« C’est un conte, vous serez ému, amusé parfois, c’est avant tout une histoire d’amour », résume la proche aidante. « J’aimerais que les gens retiennent qu’il est possible d’avoir espoir en soi-même, même lorsque l’on ne peut plus avoir espoir en l’autre », dit-elle.
Transformation
Édith Fournier raconte que les choses ont changé pour elle le jour où elle a cessé de se battre contre la maladie et d’espérer l’impossible guérison. « J’ai voulu témoigner de ma propre transformation, ce qui a exigé un travail intérieur que je ne pensais pas devoir faire un jour », ajoute-t-elle. Mme Fournier a compris que son mari était dans une dimension du monde à laquelle elle ne pouvait accéder. « J’ai cessé d’essayer inutilement de le ramener à la réalité », dit-elle.
Cette épreuve l’a confrontée à redécouvrir sa patience, sa bonté, sa générosité. En entrevue, elle parle avec émotion de ces longs moments passés avec cet homme sans pouvoir communiquer. Ces moments qui se résumaient juste à « être auprès. » Édith Fournier parle aussi de la difficulté qu’elle a de faire son deuil, alors que son mari, à 78 ans, est toujours là et lui apporte des moments de joie. « Je voudrais vider cette poche de larmes à l’intérieur de moi », lance Mme Fournier.
Psychologue
Édith Fournier est docteure en psychologie. Elle connaît bien la région pour être venue à quelques reprises visiter ses amis René Racine et Diane Poirier, à Saint-Pacôme.
En 1995-1996, son mari Michel Moreau était venu tourner dans cette municipalité. Il a travaillé comme réalisateur, scénariste et producteur de plusieurs films, dont « Jules le magnifique », « Enfants du Québec et alvéoles familiales » et « Le Million tout-puissant. »
Pour le spectacle du 8 septembre, des billets sont en vente à la Librairie L’Option de La Pocatière et à la Tabagie Lunik de Saint-Pascal. Renseignements : 418 856-4066.
Les organismes ou groupes de soutien intéressés à communiquer avec Mme Fournier peuvent le faire à : eternite@videotron.ca.