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M. Legault, le Québec n’est pas un État bilingue !

Photo : Adrien Olichon (Unsplash.com)

M. le premier ministre, depuis le début de la pandémie, chacune de vos conférences de presse martèle le même message subliminal aux Québécois : le Québec est bilingue.

En répétant en anglais tout ce que vous dites, chaque jour, vous faites exactement le contraire de vos homologues des autres provinces. Eux aussi dirigent des provinces unilingues, même si chacune compte des minorités de langue française.

Voyons ce qui se passe à l’ouest : en Ontario, Doug Ford ne le fait pas. Au Manitoba, Brian Pallister ne le fait pas. En Alberta, Jason Kenney ne le fait pas. En Saskatchewan, Scott Moe ne le fait pas. Dans les Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane ne le fait pas. Au Yukon, Sandy River ne le fait pas. Au Nunavut, Joe Savikataaq ne le fait pas.

Tournons notre regard vers l’est : en Nouvelle-Écosse, Iain Rankin ne le fait pas. À Terre-Neuve, Andrew Furey ne le fait pas. À l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King ne le fait pas.

Même Blaine Higgs, qui gouverne la seule province bilingue du Canada, ne le fait pas. Le Nouveau/New-Brunswick abrite pourtant 32 % de francophones, soit le triple de nos Anglo-Québécois, les choyés des choyés.

Alors, où diable trouvez-vous le modèle qui vous inspire ?

Je vous rappelle que le Québec est depuis 1974 un État officiellement de langue française. C’est le PLQ de Robert Bourassa qui l’a décidé. Que vous le vouliez ou non.

D’un côté, vous affirmez votre volonté de renforcer le français au Québec. De l’autre, vous ne donnez pas l’exemple. Vos babines fuient vos bottines.

Mettez-vous à ma place de professeur de français. J’essaie de montrer à mes étudiants de niveau collégial que le Québec est la seule « province » française du Canada. Ils en doutent, et avec raison. Ils me rétorquent : M. Legault, et même ses ministres, passent leur temps à tout traduire.

Pourquoi craignez-vous de faire simplement comme les autres premiers ministres ? Laissez donc enfin les traducteurs faire leur œuvre… live.

En attendant, chaque fois que vous vous traduisez, vous faites mentir tous les Québécois qui affirment que le Québec est français.

Ne laissez pas l’affairisme, l’électoralisme ou l’inconscience vous brouiller les esprits quand il s’agit de quelque chose d’aussi important que notre langue nationale.

Ce n’est pas seulement votre droit, c’est votre devoir.

Jean-François Vallée, La Pocatière