Rassembler les histoires qui ont marqué Saint-Joseph-de-Kamouraska auprès des mémoires vivantes de cette municipalité était déjà un défi en temps de pandémie. Les raconter en était également un autre. Et pour les diffuser, Sophie Poulin de Courval en a relevé tout un en choisissant un médium aujourd’hui peu commun, pour ne pas dire en voie de disparition : la cabine téléphonique.
Le centenaire de sa municipalité qui sera célébré l’an prochain est ce qui a stimulé Sophie Poulin de Courval à créer le projet Viens que j’te raconte… Amoureuse avouée de patrimoine, elle s’inquiétait qu’une partie de celui qui se transmet de bouche à oreille disparaisse lorsque certains aînés de Saint-Joseph-de-Kamouraska ne seraient plus de ce monde. Les 100 ans de la municipalité qui seront fêtés en 2022 ont donc servi de prétexte à réactiver cette mémoire collective qui était tout sauf éteinte.
« J’avais déjà quelques histoires de la place en tête que j’avais le goût qui d’intégrer à mon projet, mais je voulais avant tout entendre ce que nos aînés avaient à nous raconter. J’ai organisé deux rencontres avec quelques-uns d’entre eux durant la période des fêtes. Pas besoin de vous dire que la pandémie n’a pas simplifié les choses », raconte l’artiste.
À partir de sa cueillette d’information, cinq histoires ont été retenues et réécrites pour qu’elles soient racontées de nouveau par ces gens et un narrateur, son conjoint Sylvain Roy. À la fois humoristiques, mais également dramatiques, ces histoires représentent toutes une page d’histoire de Saint-Joseph-de-Kamouraska vécue par ceux qui les racontent.
Chacun des enregistrements a ensuite été bonifié de bruits ambiants, de musique et, bien entendu, de saxophone, instrument de prédilection de l’artiste. « Dans l’histoire du garage, par exemple, j’ai repris la musique de Si j’avais un char que j’ai intégré à l’enregistrement. Si on est attentif, on peut même entendre mon chien hurler à l’arrière », dit la saxophoniste, en riant.
Cabine téléphonique
Pour la diffusion, Sophie Poulin de Courval a choisi de bâtir une cabine téléphonique, lieu qui de nos jours a pratiquement disparu du décor de nos municipalités. Un faux téléphone à cadran a été recréé sur lequel les visiteurs appuient sur un chiffre d’un à cinq pour entendre l’une ou l’autre des histoires. L’électricité nécessaire au bon fonctionnement de la cabine est produite par le biais d’un panneau solaire installée sur le toit.
« J’aimais bien l’idée que les histoires soient communiquées à travers un téléphone. Quand j’étais jeune, le téléphone c’était par là qu’on entendait tout le potinage en étant souvent plusieurs sur la ligne en même temps, sans que les autres le sachent », rappelle-t-elle.
Mentionnons que Bell Canada a d’ailleurs accepté d’appuyer financièrement Sophie Poulin de Courval dans son projet. La MRC de Kamouraska, par le biais de son Programme de soutien pour les projets innovants pour le développement culturel et l’animation du milieu, s’ajoute aux autres partenaires financiers que sont la Municipalité de Saint-Joseph-de-Kamouraska, Agriscar, la Caisse Centre-est-du-Kamouraska et l’École de musique Alain-Caron.
La cabine Viens que j’te raconte demeurera devant l’église de Saint-Joseph-de-Kamouraska jusqu’à l’Action de grâces. Elle sera réinstallée au même endroit à l’été 2022 pour le centième anniversaire de la municipalité.