De mémoire d’homme, je n’ai jamais abusé de ma tribune journalistique pour rendre hommage à une personne dont l’impact a été significatif pour moi sur le plan professionnel et personnel. Assister aujourd’hui au départ de ma collègue Stéphanie Gendron, qui part relever un nouveau défi au Centre de services scolaires Kamouraska–Rivière-du-Loup, me pousse à briser ce droit de réserve.
Je dirais d’abord que ce changement de carrière a une incidence beaucoup plus large que sur ma petite personne. Stéphanie est depuis plus de 20 ans un des visages féminins les plus stables et les plus appréciés de l’information au KRTB.
Sa voix, d’abord, a marqué les esprits. Elle devait avoir la jeune vingtaine lorsqu’un certain Daniel St-Pierre a décelé chez elle ce potentiel radiophonique, et cette curiosité pour l’actualité qui a marqué le début de sa belle et longue carrière. En parallèle de ce travail comme animatrice et journaliste sportive à CIEL 103,7 et CIBM 107,1, les deux antennes du Groupe Radio Simard à Rivière-du-Loup, elle complétait son baccalauréat en communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Son parcours semblait déjà tout tracé lorsqu’elle a joint à temps plein la salle de nouvelles de ces deux stations comme chef de pupitre en 2004, moment où elle a terminé son bac. Et pourtant, aussi organisée et prévisible que puisse parfois être Stéphanie Gendron, elle a pris tout le monde par surprise en troquant le micro pour le crayon en 2011. Un poste venait de se libérer à l’hebdomadaire Le Saint-Laurent-Portage, et la jeune journaliste qu’elle était jugeait que le temps était venu de faire le saut.
L’aventure a toutefois été brève — à peine trois ans —, jusqu’à la fermeture de l’hebdo en 2014. Plutôt que de mettre un terme de façon prématurée à une carrière journalistique prometteuse, cette fermeture a probablement été le tremplin qui a permis à Stéphanie de s’imposer comme une référence incontournable de l’information en Côte-du-Sud, au KRTB et dans tout le Bas-Saint-Laurent.
Alors qu’elle croyait se la couler douce au chômage durant quelques mois, le téléphone n’a pas tardé à sonner : le Journal de Québec et le Journal de Montréal, Le Placoteux, CIEL-FM, CHOX-FM, MAtv Bas-Saint-Laurent, Vitalité économique… Stéphanie avait déjà acquis la réputation d’une journaliste rigoureuse, avec un sens de la nouvelle que peu de personnes possèdent, une capacité de synthèse extraordinaire, et des qualités rédactionnelles remarquables. Pas surprenant si tout le monde voulait se l’arracher !
Ces années « de pige » l’ont certainement consacrée comme la journaliste la plus incontournable de tout l’Est-du-Québec ! Je connaissais déjà Stéphanie Gendron depuis quelques années par notre parcours similaire en radio pour les mêmes employeurs, elle à Rivière-du-Loup, moi à La Pocatière. Mais c’est à cette époque qu’on s’est découverts comme amis, lorsque j’ai joint l’équipe du Placoteux en juin 2015. Notre bagage similaire a certes contribué à renforcer nos liens, mais son énergie, sa fougue et sa passion évidente du métier étaient beaucoup trop puissantes pour y résister.
Ses qualités contagieuses ont eu un impact déterminant dans l’encadrement qu’elle m’a offert, dès mes premiers pas à l’écrit, et elles continueront longtemps de m’habiter. Encore aujourd’hui, il n’y a pas une rédaction de nouvelle où je n’entends pas la voix de Stéphanie Gendron me guider pour en faire ressortir l’essentiel : « Quel est ton angle ? C’est quoi la nouvelle ? ».
Le seul endroit où elle ne m’aura pas contaminé, c’est dans la brièveté des textes et son habileté à couvrir à distance. En ce sens, nous étions complémentaires, au bénéfice — j’en suis convaincu ! — des nombreux lecteurs du Placoteux. Ces particularités professionnelles sont aussi ce qui m’a poussé très tôt à la coiffer du titre de « meilleure journaliste non-terrain du Bas-Saint-Laurent ! », une appellation qui la faisait toujours sourire, et que je me suis amusé à lui répéter régulièrement jusqu’en 2019, moment où elle a cessé par choix de collaborer avec le Journal de Québec et le Journal de Montréal.
Ne serait-ce que par la nature de ses propos intelligents à la radio, son incroyable efficacité à ramasser ses idées en contexte rédactionnel, et son souci de l’exactitude des faits, les régions de Côte-du-Sud et du KRTB perdent sans aucun doute une des journalistes les plus remarquables qu’elles aient connues. Le Centre de services scolaires Kamouraska–Rivière-du-Loup peut être fier de sa prise ! Si dans mon cas je perds une collègue, mais pas une amie, je continuerai longtemps à m’inspirer de ses réalisations dans la poursuite de mon parcours journalistique.
Bon succès Stéphanie !