Réouverture envisagée pour Le Jardin des Nobles Gensrichard_lavoie20140909

MONTMAGNY – Fustigé la semaine dernière par plusieurs médias, M. Claude Rousseau, le propriétaire de la résidence pour aînés Le Jardin des Nobles Gens de Montmagny, qui a dû fermer ses portes à cause d’une affaire de mise aux normes en sécurité des incendies, a rappelé Le Placoteux pour lui accorder une entrevue, où il donne sa version des faits.

Rappelons que l’établissement, voisin de l’Hôpital de Montmagny, a dû être évacué en vitesse, vendredi dernier, à la suite de l’ordre de fermeture de l’Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches (ASSSCA). Des intervenants du Centre des services sociaux de Montmagny-L’Islet (CSSSML) avaient alors prêté main-forte aux résidents et à leurs familles.

Le propriétaire a mentionné que c’est le CSSSML qui assume les frais de déménagement. « Mais c’est bien certain que moi j’y perd », a-t-il dit. « On s’est même servi à même la cuisine. Mais je ne blâme personne. »

« Ce n’est pas un avis de 48 heures qu’on m’a donné. C’est un avis de dix minutes. On m’a dit jeudi à 4 heures moins 10 : ‘’C’est fini. On ferme’’ », d’affirmer M. Rousseau.

Il faut cependant dire que l’ASSSCA avait déjà signifié au propriétaire qu’il avait 30 jours pour se mettre aux normes, à la suite d’une inspection du Service des Incendies de Montmagny, faite en mai 2014. Selon lui, ce laps de temps est trop court pour effectuer des modifications.

Malgré les circonstances, M. Rousseau n’entend pas jeter l’éponge. Il veut rouvrir l’établissement, une fois qu’il aura procédé à la mise aux normes exigées. Aucune date n’a cependant été avancée. Il devra obligatoirement se conformer à la prescription de mise à niveau, entre autres, en installant un nouveau panneau de système d’alarme et de nouvelles portes coupe-feu. « Ce n’est pas dit que ça sera facile, mais je n’ai pas l’intention de laisser l’endroit fermé », a-t-il déclaré.

Déplacements et pertes d’emploi

Dans cette aventure, ce sont « 25 personnes qui ont été déplacées » en catastrophe et « 18-19 employés » qui ont perdu leur emploi, de préciser M. Rousseau. Même si les autorités qui ont supervisé les déménagements ont assuré que les aînés avaient été bien encadrés et relogés convenablement, le propriétaire a laissé entendre que cela est relatif.

« Encore aujourd’hui [mercredi dernier], dit-il, je viens de parler avec quelqu’un qui m’a dit que des gens ont des problèmes avec leurs aînés, parce que, soit qu’ils ont été placés dans des chambres qui ne sont pas adéquates ou que les couples ont été séparés. C’est vraiment pas drôle. » Il n’a pas voulu préciser les endroits où les aînés ont été déménagés, question de confidentialité. 

De plus, il a mentionné que plusieurs personnes lui ont dit qu’elles allaient revenir dès qu’il rouvrirait la Villa. « Vous savez, c’est normal, les gens étaient attachés à leur résidence. » Il a aussi laissé entendre que c’était tout un traumatisme pour les personnes âgées de se faire trimbaler de manière aussi brutale.

Normes

« Nous, le système d’alarme il est là depuis plusieurs années. On était certifié avant. Mais du jour au lendemain, le système d’alarme n’est plus bon. Pourquoi? Parce que ça prend un répétiteur à l’entrée », de mentionner le propriétaire. « La semaine dernière, ajoute-t-il, quand ils [l’ASSSCA] ont débarqué en alléguant que le système était inadéquat, j’ai dit, si vous êtes d’accord, je vais aller voir mon prêteur hypothécaire pour tenter d’obtenir les sous » pour faire la mise aux normes.

Il a aussi proposé de mettre un gardien de nuit dans l’intervalle de l’installation, comme il l’avait fait l’an passé au Manoir des Nobles Gens de L’Islet-sur-Mer, proposition qui avait été accepté pour cet endroit. « Ça a été rejeté du revers de la main », d’affirmer M. Rousseau. Il faut dire que depuis ce temps les règles ont été resserrées par le gouvernement du Québec.

Il soutient que l’édifice du Jardin des Nobles Gens est en ciment et en brique et non en revêtement de vinyle et autres matériaux très inflammables, comme c’est parfois le cas ailleurs. « En plus, nous nous classons bien pour l’évacuation, avec huit minutes. Nous ne sommes pas un danger d’incendie ambulant », laisse-t-il tomber.

Est-ce qu’ils avaient besoin d’un exemple? Ça a fait les journaux. Je suis devenu comme un criminel moi là! » lance, quelque peu exaspéré, celui qui a eu maille à partir avec des inspecteurs du gouvernement ces dernières années, à cause de problèmes de salubrité dans les cuisines. « Des dossiers réglés », a-t-il spécifié. « Je suis d’accord qu’il y ait des règles, mais il faut qu’elles soient claires », d’ajouter celui-ci.

Comme nous le disions, et en particulier à la suite de la tragédie de L’Isle-Verte, les normes en matière de sécurité des incendies ont été resserrées et le gouvernement a accru le pouvoir coercitif des agences de santé.

Comme le mentionnait la semaine dernière la directrice adjointe l’Agence de santé et services sociaux de Chaudière-Appalaches, Mme Diane Benoit, on est passée en mode « tolérance zéro » en ce qui concerne la sécurité des ainés dans les maisons d’hébergement. L’on devra donc se soumettre à l’application stricte des normes gouvernementales, sinon on risque le même sort que Le Jardin des Nobles Gens.