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Se faire prendre au jeu du Théâtre populaire régional

Jean Dallaire et Michel Harvey. Photo : Maxime Paradis.

Ils sont une dizaine, pour la plupart retraités. Ils ont tous en commun une passion pour le théâtre, un fort désir de faire œuvre utile au sein de leur communauté, mais aussi une certaine nostalgie de l’époque où cet art était plus présent dans la région. Rassemblée sous le nom de Théâtre populaire régional, cette bande de joyeux lurons s’apprête à monter sur scène à la fin mai, dans une pièce de Molière un peu moins connu, mais pas moins drôle pour autant. Êtes-vous prêts à vous faire prendre au jeu?

Jean Dallaire, Michel Harvey et Roch Michaud se donnaient la réplique cet après-midi-là. Réunis au Complexe municipal de Saint-Denis-De La Bouteillerie, ils pratiquaient un extrait de George Dandin ou le mari confondu. Décor, costumes et perruques étaient de la partie, comme quoi le Théâtre populaire régional ne fait pas les choses à moitié. « Depuis qu’on répète avec les costumes, je ne sais pas pour vous, les gars, mais c’est une autre dynamique. Je nous sens plus dans nos personnages », mentionne Roch, après la répétition.

Dans l’extrait pratiqué, George Dandin (Jean Dallaire) demande au père de son épouse, M. Sotenville (Michel Harvey), de rendre raison du comportement de sa fille qui serait courtisée par Clitandre (Roch Michaud), un gentilhomme de la Cour à la réputation libertine, jusqu’à ce que dernier fasse irruption par hasard dans la conversation. La table est mise pour une série de quiproquos, digne de l’humour de Molière, bien que la pièce, pour ceux qui la connaissent, prenne une tournure un brin dramatique.

« Apprendre un texte comme celui-là, c’est un défi. Les tournures de phrases et les mots utilisés, on ne parle plus comme ça aujourd’hui, mais c’est ce qui rend l’exercice encore plus agréable. Et comme c’est du Molière, on ne s’attend pas à ce que ça soit joué en français québécois d’aujourd’hui non plus », souligne Jean Dallaire.

De son côté, Michel Harvey avoue après coup qu’il était nerveux. « Aujourd’hui, c’était la première fois qu’on jouait devant des gens qui ne nous ont jamais vus », dit-il. En même temps, ce bref instant ne fait qu’accentuer l’impatience à l’idée de présenter la pièce devant public à la Salle André-Gagnon, les 27 et 28 mai prochains. D’autres représentations sont aussi prévues à la Chapelle de la Grève de Saint-Denis-De La Bouteillerie en juin, mais elles sont déjà toutes complètes.

Recréer l’ambiance

Derrière la dévotion des comédiens de la pièce — Béatrice Pelletier, Linda Pelletier, Marie Dallaire, Claude Bois (aussi metteur en scène) et André Chagnon complètent la distribution —, se cache aussi l’engagement indéfectible de Danielle Plourde, responsable des costumes, décors et accessoires, anciennement enseignante au sein du défunt programme Art et Lettres – Option théâtre du Cégep de La Pocatière. Aujourd’hui retraitée, Danielle avoue qu’elle avait tiré un trait sur cette période de sa vie jusqu’à ce qu’elle soit recrutée par son ami Claude Bois.

« J’avais fermé mon atelier à la maison. Il a fallu que je me rééquipe de A à Z pour repartir la machine, mais je suis bien contente de ça. On a cherché à recréer un décor à la fois simple, statique et suggestif, adapté autant pour la Salle que pour la Chapelle. Pour les costumes et les maquillages, on voulait respecter l’époque (17e siècle) le plus possible, tout en les adaptant à la personnalité de chacun des personnages. Les couleurs et les motifs sont inspirés par l’artiste peintre Romero Britto », résume-t-elle, croquis à la main.

Michelle Parent, aujourd’hui basée à Lévis, mais qui a été de plusieurs projets théâtraux et musicaux durant la vingtaine d’années qu’elle a passées à La Pocatière, jouera avec l’ensemble musical J’ay pris amours, sous la direction de Richard Pageau. George Dandin ou le mari confondu est à l’origine une pièce qui était ponctuée de musique. Les représentations prévues en mai et juin prochains se déclineront de la même façon, sous forme de théâtre-concert avec cinq musiciens sur scène.

« Notre ensemble joue beaucoup sur commande. On fait appel à nous souvent pour recréer de la musique d’autrefois. On a fait une recherche approfondie pour trouver le répertoire qui allait coller à la pièce. Comme à l’opéra, on va jouer entre chacune des scènes, question de recréer l’ambiance qui existait à l’époque de la présentation de cette pièce de Molière », poursuit-elle.

Faire œuvre utile

Metteur en scène, Claude Bois est plutôt fier de l’équipe qu’il a rassemblée autour de ce projet. Tous passionnés de théâtre, ils ont pour la plupart collaborer à différents projets de même type dans les années 80 et 90, alors que différentes troupes étaient actives dans le Kamouraska, entre autres la défunte Société d’art lyrique. Le Théâtre populaire régional veut en quelque sorte faire revivre l’effervescence de cette époque pas si lointaine, tout en faisant œuvre utile. Il est prévu que tous les profits liés aux représentations seront versés au Fonds de bourses étudiantes de la Fondation du Cégep de La Pocatière.

« Le processus de création a été long, car la pandémie a repoussé le tout de deux ans et à chaque vague on était interrompu dans nos répétitions. Mais là on est prêt à offrir ça à la population et notre souhait est que ça soit accessible, autant la pièce que le coût du billet. On souhaite aussi que le succès soit suffisamment au rendez-vous pour que ça permette de repartir quelque chose (une troupe) plus permanente. La flamme des gens ici est vraiment assez forte pour ça. »

Billets en vente à la Librairie L’Option de La Pocatière, la Tabagie Lunik de Saint-Pascal, le Bureau de la Fondation du Cégep de La Pocatière et le Marché des Aulnaies de Saint-Roch-des-Aulnaies.