Les citoyens du Kamouraska devront débourser encore davantage pour envoyer leurs déchets organiques à l’usine de biométhanisation de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SÉMER). Cette nouvelle augmentation de cinq dollars par citoyen, qui passe difficilement auprès des élus kamouraskois, pousse maintenant la MRC de Kamouraska à évaluer d’autres débouchés pour le bac brun.
Où? Et quand? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais surtout, « rien n’est coulé dans le béton », a insisté le préfet de la MRC de Kamouraska Sylvain Roy. Il n’en demeure pas moins que la dernière hausse de cinq dollars par citoyen imposée par le SÉMER « ne passe pas comme une lettre à la poste auprès des 17 maires de la MRC de Kamouraska », a-t-il confirmé.
« C’est généralisé, aucun n’est content autour de la table. On n’a pas le choix, il faut regarder d’autres avenues. On a l’obligation d’évaluer d’autres scénarios. Si on ne trouve rien d’autre de plus avantageux, on vivra avec », a résumé Sylvain Roy.
Entre l’automne 2020 et l’automne 2023, les tarifs de la SÉMER sont passés de 12 à 25 $ par citoyens, selon les données répertoriées par le Réseau d’information sur les municipalités. Ainsi, l’an dernier, la somme déboursée était de 20 $, alors que cet automne elle passe à 25 $, une hausse de 25 %. Pour la MRC de Kamouraska, dont la population tourne autour de 21 000 habitants, le déboursé représente 525 000 $, soit 105 000 $ de plus que l’an dernier à assumer par les citoyens.
Le président de la SÉMER, Michel Lagacé, relativise ces hausses.
« À Québec, les coûts sont de 40 $ par citoyen; à Shawinigan, c’est 100 $ la porte. À la SÉMECS [Varennes], on était en 2015 à 20 $ par citoyen. Même quand on se compare, on demeure inférieur. »
Transparence
Rien pour calmer la grogne, la SÉMER refuse depuis toujours de divulguer ses états financiers, bien que deux des propriétaires, la MRC et la ville de Rivière-du-loup, soient des investisseurs publics.
L’impression demeure que les hausses successives servent à amortir le déficit accumulé de l’organisation, qui n’a encore jamais livré de gaz naturel produit à partir des matières organiques reçues. « On demande à tout le monde plus de transparence depuis longtemps », a ajouté Sylvain Roy.
Selon Michel Lagacé, la hausse de cette année est simplement là pour couvrir les coûts d’exploitation de l’usine, et non pour payer la dette accumulée. Avec la contribution financière de 7 080 000 $ annoncée récemment par Québec afin de procéder à la mise à jour des installations, tout porte même à croire que l’usine serait en mesure de fournir une première production de gaz naturel renouvelable liquéfié pour le dernier quart de 2024.
Sous-performante
Conçue pour accueillir 25 000 tonnes de matières par année, l’usine de biométhanisation de la SÉMER devrait approcher 24 000 tonnes d’ici décembre 2023, si elle conserve « le même rythme qu’à l’heure actuelle ». De nouvelles ententes signées avec des industries, commerces et institutions (ICI) du Québec et du Bas-Saint-Laurent permettraient l’atteinte de ces objectifs. « En date du 31 août, nous sommes rendus à 17 300 tonnes reçues », poursuit le président.
Les MRC de la Matapédia, de la Mitis, des Basques, de Rivière-du-Loup et du Kamouraska demeurent néanmoins d’importants fournisseurs de matières organiques.
Michel Lagacé croit même qu’il serait préférable pour la MRC de Kamouraska de mettre en place une série de mesures incitatives afin d’augmenter la participation de ses citoyens à la collecte du bac brun, plutôt que de regarder d’autres options que la SÉMER, qui risquent de s’avérer, finalement, beaucoup plus coûteuses.
« La MRC de Kamouraska sous-performe dans ce qu’elle nous envoie en matières organiques. Le principe est simple, si elle diminue les vidanges et qu’elle augmente le putrescible (bac brun), au final la compensation offerte par RECYQ-QUÉBEC aux municipalités sera plus intéressante. Elle (la MRC de Kamouraska) peut bien évaluer d’autres options si elle le souhaite, mais peu importe la solution, rien n’est gratuit », conclut-il.