Petit pays d’Europe de l’Est coincé entre la mer Baltique et le géant russe, la Lettonie n’est pas le pays le plus facile à trouver sur une carte du monde. Depuis 2017, des militaires canadiens y sont pourtant déployés sous le parapluie de l’OTAN, en réponse aux inquiétudes de ces anciennes républiques du bloc soviétique aujourd’hui alliées de l’Ouest, face à une Russie plus affirmative dans ce qu’elle considère sa sphère « d’influence naturelle ». Réserviste au sein des Fusiliers du St-Laurent, Thibaud Schaefler y a passé les cinq derniers mois.
Âgé de 22 ans, Thibaud Schaefler a joint les Fusiliers du St-Laurent en 2018. Devenir réserviste pour l’armée canadienne était en quelque sorte la suite logique des choses pour cet ancien cadet de l’Air de l’Escadron 761 région du Kamouraska. Son parcours hors du commun, à l’époque, n’avait d’ailleurs pas manqué de retenir l’attention.
À 16 ans, le jeune homme de Saint-Pascal était le premier cadet de l’Escadron à devenir pilote de planeur en 15 ans. Il a ensuite poussé ses apprentissages plus loin pour décrocher sa licence de pilote d’avion privé. Enfin, il a traversé l’Atlantique pour se rendre au Royaume-Uni où il a passé trois semaines à piloter des planeurs avec les cadets de l’Air britanniques.
En joignant l’armée canadienne à titre de réserviste, il aurait été surprenant que Thibaud Schaefler ne souhaite pas maximiser son expérience comme il a fait plus jeune en étant cadet. Participer à une mission à l’étranger, par exemple, est le genre d’opportunité qu’il n’entendait pas laisser filer.
« Les missions à l’étranger sont plus le lot des réguliers. C’est très ponctuel que ça soit proposé à des réservistes. J’avais donné mon nom, comme d’autres, mais c’est la chaîne de commandement qui sélectionne qui peut partir. »
Aussitôt mobilisé, Thibaud a entamé son entraînement en mars avec des militaires réguliers. Il a été officiellement déployé en Lettonie en juillet dernier.
Inquiétante Russie
La présence canadienne en Lettonie, comme celle de neuf autres alliés de l’OTAN dans ce pays, se veut essentiellement dissuasive face à la grande Russie et son allié biélorusse qui partagent des frontières avec la petite république balte, jadis intégrée à l’ex-URSS. Depuis l’annexion par la Russie de la Crimée en 2014 — presqu’île de la mer Noire jadis rattachée à l’Ukraine —, les pays d’Europe de l’Est et les anciennes républiques soviétiques aujourd’hui membres de l’OTAN, comme la Lettonie, ont chaud. Le déploiement récent de près de 100 000 soldats russes à la frontière de l’Ukraine n’a d’ailleurs qu’augmenté la tension dans cette région du monde.
Ainsi, il a été décidé par l’alliance (OTAN) de déployer des troupes sur plusieurs années à la frontière orientale des trois pays baltes, mais également de la Pologne. La présence canadienne en Lettonie se poursuivrait donc jusqu’en mars 2023, selon un article de La Presse paru en décembre 2019.
« Les chances d’un conflit sont quand même très faibles, mais tout le temps qu’on était là-bas, on était conscient que ça pouvait quand même arriver. On s’est entraîné durant cinq mois dans cette optique, être prêt à réagir s’il arrivait quelque chose », raconte Thibaud Schaefler.
Si cinq réservistes des Fusiliers du St-Laurent ont participé à la mission, Thibaud était le seul kamouraskois du groupe et le plus jeune des cinq. Il est également le seul à avoir été intégré au sein de la brigade de la force terrestre lettone, les autres étant demeurés dans la capitale, Riga. Il a donc pris part à différentes manœuvres en campagne lors de ces entraînements, en plus d’avoir la chance de travailler avec un bataillon mécanisé et de travailler avec les autres forces de l’OTAN en présence dans le pays, dont les Espagnols, les Italiens et les Polonais, une opportunité qui se présente rarement pour un réserviste. « C’était très enrichissant. »
Histoire
Loin d’être des vacances, la mission de Thibaud Schaefler en Lettonie a quand même été l’occasion d’une belle immersion culturelle et d’un contact avec l’histoire de ce petit pays, ce qui a grandement plu à cet étudiant au baccalauréat en histoire à l’Université Laval, qui a suivi une session automnale à distance allégée afin de respecter ses obligations militaires. Les quelques visites qu’il a réalisées, entre autres dans la capitale Riga et les environs, lui ont toutefois été de bons moments d’apprentissage.
« La Lettonie est un pays qui s’est fait envahir à plusieurs reprises, par les Russes, mais aussi l’Allemagne nazie. J’ai eu la chance de visiter le Musée de l’Occupation qui en parle et qui détaillait aussi les pratiques d’espionnage du KGB à l’époque soviétique. C’était hyper intéressant. »