Un tandem d’artistes veut donner un coup de pouce à Gros-Pin

Miguel Forest dans son atelier. Photos : Miguel Forest

Deux artistes de Sainte-Hélène-de-Kamouraska ont décidé d’unir leurs forces pour aider à la protection de Gros-Pin. Le conifère de 131 pieds de hauteur et de 13 pieds et demi de circonférence est l’objet d’une gravure signée Miguel Forest, ornée d’un encadrement réalisé par Florent Dufort, dont une partie des profits de la vente serviront possiblement à mieux connaître et préserver cet emblème du Haut-Pays de Kamouraska.

Miguel Forest a l’habitude d’offrir certaines de ses œuvres au profit d’organismes de la région, mais jamais il ne s’était lancé à ce jour dans un projet philanthropique de la sorte, de son propre chef. Cet amoureux de la nature, qui s’est rendu une première fois à Gros-Pin il y a de cela quelques années, en compagnie d’Alexandre Bibeau, agent de développement au tourisme et au Parc régional du Haut-Pays de Kamouraska à la MRC, se rappelle avoir été sensibilisé de plein fouet à l’importance de protéger cet arbre, considéré comme le plus grand pin blanc du Québec, dont l’âge est évalué dans une fenêtre allant de 255 à 550 ans, et qui pousse à proximité de la frontière canado-américaine, à quelques kilomètres du lac de l’Est.

« Il y avait des graffitis, des déchets, et des dégâts à cause d’un feu de racines. Autant j’ai été impressionné par l’arbre, autant il n’a pas cessé de m’habiter, au point où je me suis demandé : “Qu’est-ce que je pourrais faire pour participer à sa protection ?” », raconte aujourd’hui Miguel Forest.

L’idée de la gravure s’est imposée à la suite du visionnement d’images de l’arbre prises de haut en en bas par un drone. Quand il s’était rendu sur place, Miguel Forest avait bien tenté de faire quelques croquis de Gros-Pin, mais il n’arrivait jamais à l’isoler des arbres environnants, ce à quoi ces images de drone lui ont permis de remédier. Son œuvre représente l’arbre et un humain qui le touche à sa base, tous deux dessinés à l’échelle.

La gravure, réalisée en 60 exemplaires seulement, fait 6 pouces sur 12 pouces et se vend seule au coût de 125 $. L’encadrement haut de gamme, développé par Florent Dufort à partir de bois de peuplier laissé à sa couleur naturelle, ou de frêne teint en noir, est facultatif, et se détaille également 125 $ pour une dimension de 10 pouces sur 16 pouces pour un pouce d’épaisseur. Pour chacun des deux articles vendus, 25 $ sont versés à Gros-Pin. En date du 13 décembre, déjà 30 gravures ont trouvé preneurs, et 1250 $ ont été amassés.

« Gros-Pin, ç’a l’air de rien pour bien des gens, mais c’est un emblème pour le Haut-Pays. Avec des dons, on peut nettoyer, ramasser les caisses de bière, mais aussi financer des recherches et faire jaillir un nouveau projet autour de cet arbre-là. Pour moi, c’est le genre de chose qui me parle, et c’est pour ça que je n’ai pas hésité à me coller à l’idée de Miguel », mentionne Florent Dufort.

Étude de caractérisation

À la MRC de Kamouraska, Alexandre Bibeau avoue que l’initiative des deux artistes vient en quelque sorte provoquer une réflexion pour la réalisation d’un projet qui permettrait d’accroître les connaissances sur l’arbre, tout en travaillant à sa préservation. Une étude de caractérisation de Gros-Pin serait d’ailleurs tout indiquée, selon lui.

« On parle d’un arbre relativement rare dans les forêts du Québec, qui est de toute évidence plus vieux que la moyenne des arbres de la même espèce, et qui est aussi entouré d’autres arbres tout aussi massifs qui seraient intéressants à étudier. Si on veut faciliter la préservation du site pour le futur, la première étape est certainement d’en savoir plus sur Gros-Pin et son environnement », résume l’agent de développement au tourisme et au Parc régional du Haut-Pays de Kamouraska.