Jacques Dufour est une véritable force de la nature. À 70 ans, l’homme ceinture noire 5e dan en judo pratique toujours ce sport avec la même passion qu’à ses débuts, à l’âge de 15 ans. Une passion qu’il partage depuis 45 ans comme professeur et entraîneur au sein du Club de judo de La Pocatière, dont il est le fondateur.
Dès le début de l’entetien, Jacques Dufour a pris la peine de nous mentionner qu’il avait vu son médecin la veille. « Il m’a dit que tout était beau et de continuer à ne pas me mettre dans le trouble », avoue-t-il en riant.
À l’approche de ses 71 ans, Jacques Dufour fait sûrement l’envie de bien gens qui ont le même âge que lui. Droit comme une barre de fer, il s’entraîne trois fois par semaine pratiquement toute l’année, en plus d’enseigner le judo cinq jours par semaine.
« Je fais quand même attention pour ne pas me blesser. Quand ça arrive, à mon âge, c’est un petit peu plus long guérir », confie-t-il, comme s’il voulait s’excuser d’être autant en forme.
Même s’il avoue avoir de « bons gènes familiaux » – son père est demeuré en excellente santé jusqu’à son décès à l’âge de 97 ans – Jacques Dufour doit assurément son excellente condition physique à sa passion pour le judo qu’il entretient depuis 55 ans. « Mon frère était un patanteux, moi j’étais curieux. Un jour il est débarqué avec des livres de judo à la maison. On a récupéré des vieux tapis de gymnastique que l’école de Baie-Saint-Paul avait jetés. On a installé ça dans la cave chez nous et c’est comme ça qu’on a commencé à pratiquer des techniques », se souvient-il.
Lorsqu’un club de judo a ouvert ses portes dans Charlevoix, les deux frères s’y sont inscrits et ont ainsi poursuivi leurs apprentissages. Sauf que Jacques, lui, n’a jamais arrêté contrairement à son frère qui n’est pas allé au-delà de la ceinture jaune, précise-t-il.
Début du Club
Lorsqu’il est arrivé à La Pocatière en 1973 pour travailler comme animateur et journaliste à CHGB, aujourd’hui CHOX-FM, Jacques Dufour était déjà ceinture marron. Son seul objectif était de doter la ville d’un club de judo, ce à quoi il est parvenu avec l’aide du responsable des loisirs de l’époque, en 1975.
« Si on n’avait pas réussi à partir le club, je crois que j’aurais arrêté le judo. Pendant deux ans, je faisais des aller-retours à Rivière-du-Loup pour continuer à en faire. Je n’aurais pas continué longtemps comme ça », reconnaît-il.
Durant les dix premières années d’existence du Club, celui-ci s’est déplacé dans différents locaux de l’ITA, Campus de La Pocatière, le premier d’entre tous étant un laboratoire de pommes de terre dans le sous-sol de l’établissement. « Je crois qu’il n’y a pas un étage qu’on n’a pas fait, jusqu’à ce qu’on nous relocalise, après 10 ans, dans une grande salle communautaire que l’ITA a converti en salle d’entraînement. On est demeuré là jusqu’aux 35 ans du Club. Depuis, nous sommes à l’école Saint-Charles », résume Jacques Dufour.
Partager sa passion
Depuis 45 ans, Jacques Dufour a partagé sa passion au sein du Club de judo de La Pocatière à environ 1500 personnes. Il lui est même arrivé à quelques reprises d’enseigner les rudiments de la discipline à plus d’une génération de la même famille, mais à des époques différentes. « Ça, ça ne me rajeunit pas », poursuit-il.
De tous ces judokas, plusieurs ont fait briller son club dans des compétitions prestigieuses ici et à l’international, comme Alix Renaud-Roy et Annick Gourde, sans oublier Marylise Lévesque qui demeure à ce jour la seule de ses athlètes à avoir participé aux Jeux olympiques, à Pékin en Chine en 2008.
« Autant ce sont les filles qui nous ont donné nos plus gros succès dans le passé, autant elles sont moins nombreuses à pratiquer au sein du Club aujourd’hui », se désole-t-il.
Toutefois, Jacques Dufour avoue que le Club de judo de La Pocatière n’est pas en reste. Depuis quelques années, c’est le nom de Jasmin Bélanger qui est sur toutes les lèvres. Le jeune homme de 17 ans originaire de La Pocatière poursuit actuellement un sport-étude en judo à Trois-Rivières et fait partie de la relève de l’équipe du Québec. Le printemps dernier, il a remporté le championnat canadien dans la catégorie U-18, en plus d’être nommé vice-champion canadien chez les U-21. « Il a beaucoup de volonté. C’est beau à voir », ajoute son ancien entraîneur.
Avenir
Aujourd’hui ceinture noire 5e dan, Jacques Dufour ne cherche pas à en accumuler une de plus. Ses rêves, il les a surtout pour ses élèves et son club. « Cette année, c’est notre 45e anniversaire et on est rendu à 27 ceintures noires de formées. Pour les 50 ans, j’aimerais bien qu’on se rende à 30 », déclare-t-il.
Sera-t-il toujours directeur technique du Club à ce moment? « Pour être directeur technique d’un club, il faut être de niveau 2. Actuellement, il y a seulement deux personnes au sein du club qui sont de niveau 1 et qui peuvent aspirer passer au niveau supérieur. Autrement, si j’arrête, le club devra relever d’un autre directeur technique qui n’est pas de la région. Comme j’ai encore du plaisir à faire ça et que c’est beaucoup moins exigeant pour moi depuis que je suis à la retraite, je continue pour l’instant, une année à la fois », conclut-il.