À la demande d’Alain Raby, le sculpteur d’origine acadienne Robert Roy, établi à Saint-Jean-Port-Joli depuis de nombreuses années, a réalisé un haut-relief consacré à la déportation des Acadiens de 1755, aussi appelée Le Grand Dérangement. L’œuvre a été dévoilée il y a quelques jours à peine, à temps pour la Fête nationale de l’Acadie célébrée le 15 août.
Robert Roy est originaire de Minto, un petit village situé près de la capitale Frédéricton au Nouveau-Brunswick et dont environ 40 % de la population est d’origine acadienne. Installé à Saint-Jean-Port-Joli depuis 1975, il se consacre à la sculpture sur bois depuis autant d’années. Son talent a été reconnu un peu partout au fil du temps, notamment à Toronto où il a remporté la médaille d’or de la prestigieuse Exposition internationale de la sculpture, ainsi qu’à Rome où une de ses œuvres a jadis été présentée au pape Jean-Paul II.
Un peu moins actif que par le passé et aujourd’hui âgé de 78 ans, Robert Roy travaille toujours sur commande. C’est de cette façon qu’Alain Raby, fier nationaliste et propriétaire de la boutique Les Enfants du Soleil à Saint-Jean-Port-Joli, l’a approché, pour ne pas dire talonné durant plusieurs années pour qu’il réalise cette œuvre.
« Ça faisait longtemps qu’il me demandait de réaliser un tableau de la déportation. Quand il m’a recontacté récemment, j’avais du temps devant moi et je me suis que si je ne le faisais pas maintenant, à mon âge, je ne le ferais jamais », raconte le sculpteur.
L’œuvre réalisée par Robert Roy a été inspirée d’une image qu’il avait déjà vue, plus jeune. Il a dû la retrouver avant de se mettre au travail. Celle-ci présente des Acadiens sur le bord de la plage qui attendent d’être embarqués dans des bateaux. Leurs visages témoignent leur désarroi et leurs bagages d’un voyage sans retour.
Le sculpteur a mis deux mois à réaliser l’œuvre qui reproduit presque intégralement l’image ayant servi d’inspiration, à quelques détails près. Une petite note figure dans le bas à droite du haut-relief où sont rapportées sur un drapeau acadien des paroles de l’hymne national acadien, l’Ave Maris Stella.
« C’est une composition que j’ai beaucoup aimé travailler. À part une Évangéline, je n’avais jamais travaillé d’œuvre consacrée à l’histoire de mes ancêtres par le passé », se remémore Alain Roy.
Étant donné la portée historique de l’œuvre, le sculpteur avoue ne pas avoir l’intention de la vendre. Son souhait est qu’elle demeure dans sa famille et qu’elle circule à des endroits significatifs où elle pourrait y être exposée, dès l’été prochain. Il cite entre autres Grand-Pré en Nouvelle-Écosse, où un lieu historique national rappelle les tragiques bouleversements vécus par le peuple acadien. D’ici là, la pièce peut être admirée à la boutique Les Enfants du Soleil de Saint-Jean-Port-Joli.