Effectuer une sortie extérieure pour une personne handicapée en fauteuil roulant devient souvent un exploit.
Avant de partir, elle se pose les questions suivantes : aurais-je droit au stationnement réservé aux personnes handicapées ? Existe-t-il un passage piétonnier pour me rendre à l’édifice en toute sécurité ? Y a-t-il une rampe d’accès ou des marches ? Un seuil de porte à franchir ? La porte a-t-elle une ouverture automatique ou devrais-je ouvrir et tenir la porte ? La porte est-elle assez large pour ne pas m’écorcher les doigts ? Et la salle de bain, est-elle accessible pour mon fauteuil roulant ? Aurais-je droit à de l’aide si je rencontre un obstacle ?
Autant de questions qui lui font douter de sa sécurité et penser à deux fois à sa sortie. Alors, imaginez l’hiver, lorsqu’elle doit déplacer son fauteuil roulant dans la neige ou sur la glace. Elle arrive au commerce ou à un édifice et aperçoit que le stationnement réservé aux personnes handicapées est occupé par un automobiliste bien portant. C’est frustrant ! Si elle doit aller se stationner à l’autre bout du terrain et qu’elle risque de se faire frapper par des automobilistes distraits ou pressés, alors elle pense à sa sécurité et retourne à la maison.
C’est la réalité quotidienne des personnes handicapées. Dans un monde idéal, tout le monde devrait avoir le droit à l’accessibilité universelle, peu importe son âge, son sexe et sa condition. Avoir la possibilité d’accéder aux espaces publics, bâtiments et aménagements extérieurs, de s’orienter et de s’y déplacer sans obstacle et de façon sécuritaire. Accéder aux équipements d’information, de signalisation et de communication, ainsi qu’à tous les services en toute autonomie.
L’accessibilité universelle est destinée aux personnes porteuses de différents handicaps, aux personnes en perte d’autonomie, aux parents circulant avec des poussettes et même aux livreurs avec un diable. Donc, pour la population en général.
Dans le journal La Presse du 6 avril 2008, M. Stéphane Laporte apportait son témoignage personnel en disant : « … On apprend à vivre ensemble. Tous, aussi différent que l’on soit. On a tous quelque chose à s’apporter. Faut pas nous enlever la chance de faire notre part, simplement parce qu’on n’est pas pareil. Parce qu’on est plus de trouble… Une place au soleil, pas à l’ombre des autres… » Le temps passe et les mentalités changent, mais les préjugés sont tenaces. On entend encore des propos blessants sur les personnes handicapées et on les traite comme si elles étaient inférieures aux autres. On dit que l’accessibilité universelle coûte trop cher, mais je pense qu’une belle qualité de vie humaine n’a pas de prix. Une communauté engagée et soucieuse du bien-être et de l’autonomie de ses citoyens lui donne les moyens pour un accès libre et sécuritaire à tous les édifices sans discrimination. C’est une question de justice et de dignité. Avec le vieillissement de la population, il y aura tout un défi à relever dans les prochaines années. Autant s’y mettre immédiatement. Tous ensemble, on peut créer un environnement accessible et sécuritaire où il fait bon de vivre. Gens de cœur, à nous d’y voir !
Lise Thiboutot, Sainte-Anne-de-la-Pocatière