SAINT-PASCAL – Après 14 ans, la Coopérative de solidarité en alimentation saine L’Églantier de Saint-Pascal a fermé ses portes définitivement le 15 juin dernier à 17 h. Pour les membres, les employées et les administrateurs, c’est la fin d’une belle aventure.
Une aventure qui avait commencé en 1998. Devant la difficulté de s’approvisionner en aliments sains et biologiques, Johanne Beaulieu et quelques autres passionnés ont entrepris de former un groupe d’achats. De fil en aiguille, le projet a évolué et en juillet 1999, les portes de L’Églantier s’ouvraient au grand public. Conférences, ateliers pour adultes et enfants, fêtes populaires, de nombreuses actions ont été posées dans le but d’éveiller l’intérêt des citoyens pour une alimentation de meilleure qualité et un mode de vie plus sain.
Mme Johanne Beaulieu, la fondatrice de la Coopérative de solidarité en alimentation saine L’Églantier de Saint-Pascal
Photo: Éliane Vincent
Cet objectif a été si bien atteint que les grandes chaînes d’alimentation ont emboîté le pas. « Sans prendre tout le crédit, il faut bien reconnaître que L’Églantier a compté pour beaucoup dans l’éveil des consciences. Aujourd’hui, on trouve des comptoirs bio dans toutes les épiceries et le public a envie de mieux manger », affirme Johanne Beaulieu.
La rançon de ce succès aura peut-être été de ne pas pouvoir perpétuer le modèle d’affaires de la coop. « Avec un bassin de population très petit et notre pouvoir d’achat limité, on ne pouvait pas concurrencer les prix proposés par les grandes chaînes, poursuit Mme Beaulieu. Je trouve que 14 ans, c’est déjà une belle longévité pour nous, mais c’est quand même un gros deuil à faire. On va s’ennuyer de la solidarité, des sourires et du sentiment d’appartenance qu’on avait pour la coop. » Cette opinion était largement partagée par les clients rencontrés dans la boutique par Le Placoteux, quelques heures avant la fermeture.
Johanne Beaulieu remercie les membres du conseil d’administration, tous bénévoles, qui ont géré la coopérative depuis ses débuts, en particulier ceux et celles qui ont dû se débattre avec les difficultés financières des dernières années. « Pour des gens qui avaient leur enthousiasme et leur bonne volonté pour seuls outils, le secteur du commerce de détail est épuisant et très féroce. Ça explique peut-être la difficulté à trouver de la relève », conclut Mme Beaulieu.
Difficultés insurmontables
Sonia Lanoë, qui agissait comme coordonnatrice depuis un an, a expliqué que les départs précipités des deux dernières coordonnatrices, ainsi que sa propre grossesse ont laissé L’Églantier avec peu de ressources : « Les employées ont beaucoup donné pour compenser, mais c’est difficile quand il n’y a personne pour assurer le roulement quotidien à l’administration. »
Stratégies
On se souviendra que les membres se sont réunis en assemblée générale en janvier dernier pour trouver de nouvelles stratégies afin d’augmenter l’achalandage et redresser le chiffre d’affaires de la coopérative.
Malheureusement, l’objectif de recapitalisation n’a pas été atteint et le conseil d’administration a dû se résoudre, faute de moyens, à rembourser les sommes recueillies et qui avaient été placées en fidéicommis. « Le CA a préféré mettre un terme à l’hémorragie pour préserver la solvabilité de L’Églantier, a poursuivi Mme Lanoë. Payer les fournisseurs et les employés leur a paru plus important que de tenter de préserver l’entreprise à tout prix. »
Elle a d’ailleurs tenu à remercier l’équipe des employées : « Elles ont vraiment été exceptionnelles. Toujours souriantes, elles ont tenu la coopérative à bout de bras pour maintenir un climat agréable pour la clientèle, malgré leurs inquiétudes. »
Il faudra trouver une autre source d’approvisionnement pour des produits locaux, biologiques et de santé naturelle. « Il y en a, bien sûr, souligne Johanne Beaulieu, mais il manquera certainement une petite touche de convivialité dans le panier. »