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Place aux lecteurs: Une politique agricole qui n’apportera rien au Kamouraska

Mme Solange Morneau, au nom de la Table agricole et agroalimentaire du Kamouraska, est allée un peu vite en saluant la nouvelle politique agricole comme un nouveau levier pour l’agriculture et les produits agroalimentaires du Kamouraska.

Personne ne peut être contre l’augmentation des ventes d’aliments produits ou transformés au Québec. Mais il ne faut pas être dupes : il ne s’agit pas de produits « locaux », encore moins de produits d’appellation ou de produits plus écologiques. Et rien dans cette politique ne garantit que les chaînes d’épiceries et les institutions publiques auront les marges financières pour préférer les produits québécois à ceux du Mexique ou des États-Unis, ni que les agriculteurs du Québec seront en mesure de répondre à la demande.

Une campagne d’achat chez nous ne peut tenir lieu d’une véritable politique agricole, ni résoudre les problèmes majeurs que vivent les agriculteurs, aussi bien conventionnels qu’artisans. Le rapport de la Commission Pronovost avait clairement montré que pour relancer l’agriculture québécoise et s’assurer qu’elle nourrisse le Québec d’abord, il faut réorienter le soutien financier vers les producteurs indépendants, d’appellation et écologiques plutôt que de tout donner aux gros; ouvrir les plans conjoints pour permettre la vente à la ferme et en circuits courts; faciliter aux jeunes l’accès à la terre, aux quotas et à la zone agricole; enfin, redonner une voix à ceux qui veulent faire une agriculture de souveraineté alimentaire véritable en rétablissant la liberté d’association.

Or, la nouvelle politique ne fait rien de tout cela et ignore complètement les recommandations du rapport Pronovost issues de la plus vaste consultation tenue au Québec (720 mémoires). Elle fait fi de 15 ans de débats, de dénonciations et de consultations sur les problèmes de l’agriculture industrielle et de la concentration des fermes, tout cela, parce que l’Union des producteurs agricoles (UPA) a rejeté le rapport Pronovost qui remettait en question son contrôle absolu sur le secteur agricole. Pour ma part, où je vis, je suis entouré d’étables vides et de jeunes agriculteurs-artisans qui doivent se débrouiller seuls.

Même si l’UPA en mène sûrement large à la Table de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Kamouraska, comme ailleurs, Mme Moreau aurait pu se garder une petite gêne et faire preuve d’un peu plus de connaissance de son dossier, ne serait-ce qu’en mémoire de Claude Béchard, le seul ministre qui a tenté d’appliquer le Rapport Pronovost. Comme je l’ai déjà écrit, la Table qu’elle préside ferait mieux de travailler à développer et mettre en œuvre un Plan de souveraineté alimentaire du Kamouraska et au Kamouraska.

Roméo Bouchard,
Saint-Germain-de-Kamouraska