De « grands chantiers » attendent le nouveau conseil d’administration du Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation (MQAA). Quatre comités avec des mandats précis doivent se pencher sur des enjeux concernant l’avenir du musée, au moment même où une nouvelle direction générale fera son entrée en poste.
Ces quatre comités doivent réfléchir à la programmation, au rayonnement et aux communications du musée, à la gouvernance et au financement, aux collections composées de 30 000 artefacts, et enfin à la délocalisation ailleurs à La Pocatière, d’ici la fin du bail avec le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en 2029. Chacun des administrateurs qui participent à ces quatre comités détient une expertise de près ou de loin avec le mandat déterminé. « Il y a eu des changements au conseil d’administration depuis la dernière assemblée générale annuelle, et on sent bien cet appétit chez la nouvelle équipe d’administrateurs de travailler à des objectifs globaux. Ça tombe bien, car les enjeux sont grands », indique le nouveau président, Philippe Dubé.
À cela s’ajoutent d’autres ambitions à court et moyen termes : ramener l’achalandage autour de 3000 visiteurs par année — il est actuellement autour de 1100 —, préparer le 50e anniversaire du musée en 2024 avec une exposition-bilan, entre autres, développer de nouveaux partenariats avec d’autres musées régionaux, et poursuivre ceux déjà en place avec les maisons d’enseignement, l’ITAQ en tête. Tout ce travail fait dire à Philippe Dubé qu’une nouvelle planification stratégique est nécessaire, une raison supplémentaire pour justifier tout ce travail en amont par les administrateurs, et ce souhait de faire participer les gens à l’exposition collaborative et territoriale « Dessine-moi TON musée » qui se promènera cet été dans les marchés publics de la région. Ce qui en ressortira orientera peut-être la suite, dit-on.
Nouvelle direction
En marge de ces réflexions, l’embauche prochaine d’un consultant qui doit établir un diagnostic de l’organisation est au menu. Le MQAA a également sous son parapluie les Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, ce qui se fait sentir entre autres par le partage de mêmes ressources aux communications et à la direction générale. « Était-ce le meilleur mariage à faire? Il faut se pencher là-dessus », poursuit le président, conscient que le dossier est délicat.
L’embauche d’une nouvelle ressource à la direction générale, Maryse Hénault-Tessier, donne néanmoins le ton. Son entrée en poste le 6 mars prochain semble confirmer ce désir d’une destinée singulière pour le MQAA, et un positionnement futur qui s’apparente davantage à celui du Musée maritime du Québec à L’Islet, cité en exemple par Philippe Dubé. « Mme Hénault-Tessier a une maîtrise en géographie, un très bon profil en gestion, en plus d’être copropriétaire d’une entreprise agrotouristique au Kamouraska. Pour nous, c’est une pointure gagnante. »
Dans le même esprit, Philippe Dubé aimerait voir d’autres ressources se greffer à la direction générale. « Un musée comme celui-ci devrait fonctionner avec six ou huit employés », suggère-t-il. La question du financement devient donc cruciale. Le MQAA est annuellement financé à hauteur de 200 000 $ par le ministère de la Culture et des Communications. Pour ajouter des ressources, il faudra combler le manque à gagner. « Ça sera un des mandats de la nouvelle directrice : vérifier les autres possibilités de financement pour le musée. »
Changement de nom?
Anciennement connu sous le nom de Musée François-Pilote, le MQAA a pris un virage agriculture et alimentation il y a près d’une décennie, ce qui a mené par la suite à son changement de nom. Philippe Dubé voit toutefois cette mission comme étant incomplète, avis qui ne serait pas partagé par l’ensemble des administrateurs, reconnaît-il. « L’agriculture, ça se passe à l’extérieur, et pour l’alimentation, on n’a rien à offrir à manger », image-t-il.
L’idée ne serait pas de renier cette mission, mais de réfléchir à la bonifier. Le président, qui a été par le passé professeur titulaire de muséologie à l’Université Laval, évoque une orientation peut-être moins « québécoise », mais plus régionale, en lien avec le terroir et les savoir-faire propres au territoire sud-côtois. « C’est une idée à laquelle on m’a déjà demandé de réfléchir il y a quelques années, et qui pourrait être rediscutée. Une planification stratégique, ça sert justement à ça. »