En tant que gérant d’un groupement forestier, j’aimerais vous interpeller sur la situation que vivent présentement les travailleurs sylvicoles au Québec.
Le 1er avril 2013, le gouvernement du Québec a mis en place un nouveau régime pour la gestion des forêts publiques. Un des objectifs est de favoriser et d’intensifier l’aménagement des forêts et par le fait même, de maintenir les conditions de travail et de promouvoir le métier de travailleur sylvicole.
On ne peut nier que l’objectif est louable, car ces travailleurs sont des gens des régions, et au Québec, l’avenir des régions passe en partie par la forêt. Cependant, la réalité vient de rattraper les travailleurs sylvicoles. Il a été convenu que 75 % des travaux sylvicoles soient attribués aux entreprises qui œuvraient en forêt publique avant l’adoption du nouveau régime forestier. En contrepartie, 25 % des travaux sylvicoles à réaliser sont soumis au marché libre.
Ce marché libre doit en théorie permettre la venue de nouveaux joueurs, mais à quel prix? Un seul soumissionnaire cassant les prix oblige les autres entreprises à soumissionner jusqu’à 33 % moins cher que le prix habituel. Il va sans dire que les conditions des travailleurs sylvicoles s’en trouvent grandement changées. Comment peut-on atteindre les objectifs du nouveau régime forestier dans cet environnement?
Et le ministère lui, dans tout ça, que va-t-il faire? Serait-ce l’occasion pour lui d’abaisser les prix des travaux sylvicoles négociés avec les entreprises possédant un historique?
Aujourd’hui, une partie des travailleurs sylvicoles sont perdants et les autres le seront peut-être demain.
Yvon Deschênes, gérant
Le Groupement forestier de L’Islet inc.
