Pour vendre son projet d’oléoduc vers les Maritimes, la compagnie TransCanada adopte un discours très rassurant. Pouvons-nous vraiment avoir confiance?
TransCanada prétend que les fuites sont extrêmement rares et ne représentent que de faibles quantités de pétrole. Toutefois, un examen du bilan des accidents reliés aux pipelines, seulement dans les quatre dernières années, n’est pas rassurant. L’agence Science-Presse rapporte qu’un pipeline de TransCanada en est à sa douzième fuite (dont l’une de 75 000 litres) depuis sa mise en fonction en 2010. Un pipeline de la compagnie Enbridge a déversé trois millions de litres de pétrole en 2010 au Michigan (et la décontamination pose encore problème). En 2011, plus de 4,5 millions de litres de pétrole se sont échappés d’un oléoduc dans le nord de l’Alberta. En 2012, Radio-Canada dévoilait que TransCanada ne respectait pas certaines normes techniques en ce qui a trait aux soudures des canalisations.
Quant aux risques liés aux tremblements de terre, les oléoducs sont soumis à des normes afin de résister aux secousses sismiques. Mais l’actualité montre qu’ils demeurent vulnérables aux affaissements et glissements de terrain que peuvent entraîner les séismes. Par exemple, en juin 2008, un gazoduc chinois a frôlé la catastrophe lors d’une inondation provoquée par un glissement de terrain consécutif à une secousse sismique. En juin 2013, 10 000 barils de pétrole se sont retrouvés dans un affluent de l’Amazone après la rupture d’un pipeline dans ces mêmes conditions. Dans la zone sismique de Charlevoix-Kamouraska, on a documenté au moins cinq séismes de magnitude 6 à 7. De plus, les événements météorologiques extrêmes se multiplient et les épisodes de pluies diluviennes qui se sont produits au Saguenay et ailleurs ont causé de graves dommages aux infrastructures routières. Comment pouvons-nous être certains que l’oléoduc de TransCanada résistera à ce genre de catastrophes naturelles? Combien de rivières ce pipeline traversera-t-il au Québec pour livrer du pétrole destiné à l’exportation et dont l’extraction entraîne déjà de lourds impacts écologiques?
TransCanada tente de nous rassurer en s’engageant à restaurer les sites où des fuites pourraient se produire, mais l’histoire récente montre que les travaux de décontamination sont complexes, que ce soit pour les sols ou les eaux de surface et souterraines. De plus, la nature même du pétrole lourd provenant des sables bitumineux, de même que les solvants que l’on doit y ajouter pour le rendre plus fluide afin de l’acheminer par pipeline, ajoutent aux difficultés en matière de décontamination. Avons-nous vraiment envie d’être confrontés à ce genre de problèmes chez nous?
Pierre Bernier
Saint-Cyrille de l’Islet