MONTMAGNY – Depuis maintenant 33 ans la Maison de Secours La Frontière de Montmagny vient en aide à quiconque est en difficulté. Peu importe la race, le sexe, l’âge, la religion, cet endroit offre hébergement temporaire, repas, soutien alimentaire, des visites supervisées parents-enfants, et bien plus encore. Mais qui la connaît autrement que de nom?
Oui, l’on y trouve tout ce que l’on a mentionné, mais plus encore. Et surtout, il y a les 12 employés et plusieurs bénévoles réguliers, travaillant avec dynamisme et générosité à diverses tâches, contribuant à mettre un peu de baume sur les vicissitudes des démunis. L’on compte également en ce moment quelques 140 membres qui, pour la symbolique somme de 2 $, appuient la cause.
Bien sûr, plusieurs activités sont organisées pour réussir à boucler le budget de 220 000 $. Le soutien financier de l’Agence de la Santé et de Services Sociaux de Chaudière-Appalaches représente 45 % des revenus. Les dons sont toujours les bienvenus, même si la contribution du milieu est déjà appréciée.
Même des pèlerins, marchant le Chemin des navigateurs – notre Compostelle québécois (Pointe-au-Père – Saint-Anne-de-Beaupré), s’arrêtent depuis six ans dans cette maison « multiservice » en juin-juillet.
Bienfait de la destinée, cette ancienne maison bourgeoise, ayant logé à une époque des militantes mariales, qui ont d’ailleurs enseigné dans le pavillon Richelieu à l’arrière de la maison, abrite aujourd’hui, l’atelier de broderie et de couture et une sorte de salon-cuisinette-garderie. Cette salle peut d’ailleurs être louée.
La Maison travaille en collaboration avec plusieurs organismes, mentionnons le Comité de la famille de Montmagny, la Saint-Vincent de Paul, la Direction de la protection de la jeunesse, le Centre local de services communautaires de Montmagny, le Centre des services sociaux Montmagny-L’Islet, la Sûreté du Québec, le Centre local d’emploi et des centres de réadaptation pour l’embauche et l’intégration de personnes, dont certaines sont atteintes de limitation intellectuelle ou physique.
Photo: Richard Lavoie
Des actions
De prime abord, l’on pourrait penser que La Maisons de Secours la Frontière est un gite pour les itinérants, cela n’est pas tout à fait vrai, bien que des personnes nécessiteuses peuvent y résider sur de courtes périodes, ne pouvant dépasser deux nuits et trois jours.
Le comptoir alimentaire de la Maison est très fréquenté. Plus de 1 100 personnes de Montmagny et des alentours l’ont utilisé l’an passé. L’on y remet des sacs de provisions, mais l’on donne et livre aussi des repas à des familles ou à des personnes seules. Le rapport des activités déposé en mars 2013, fait état que 10 316 repas ont ainsi été donnés sur une période d’un an. On se surprend à lire de tels chiffres, mais cela est bien réel et rien n’indique une baisse.
La Maison offre aussi la relation d’aide pour les personnes en détresse. L’on peut alors bénéficier d’écoute, de soutien et, entre autres, du service d’hébergement et de repas.
Des visites supervisées entre parents et enfants référés par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et la cour, se font également dans le pavillon se trouvant derrière la maison. De plus, la Frontière dispense le programme « Échanges Parents-Enfants ». Cela concerne les parents qui ne peuvent être en contact direct avec leurs enfants. Des intervenants formés servent alors d’intermédiaires, afin que les rencontres se passent le mieux possible.
Ajoutons à cela que la Frontière redistribue des denrées au Centre d’aide familiale de la MRC de Montmagny, pour les comptoirs alimentaires de Sainte-Apolline et de Saint-Fabien.
Tous ces services sont offerts en collaboration et en complémentarité avec les des organismes du milieu, conformément à la mission.
Pamela Royer faisant une démonstration de broderie avec la machine à broder électronique.
Photo: Richard Lavoie
Atelier et récupération
Derrière la maison se trouve le pavillon. L’endroit a déjà été l’écurie du notaire, ancien propriétaire de cette résidence. C’est là que se trouve l’atelier de broderie et de couture où travaille une employée à temps plein et des bénévoles.
La brodeuse crée souvent des motifs ou utilise ceux qu’on lui apporte, puis les reproduit sur ordinateur. Ils seront ensuite brodés avec une machine électronique semi-commerciale. « Peu importe les couleurs, c’est toujours le même prix », de dire en riant Pamela Royer, en poste depuis cinq ans.
Un avantage du petit atelier est que les demandes des clients peuvent être personnalisées. L’on peut y faire autant un objet unique, qu’en créer une centaine. Cela rapporte un revenu à La Frontière, tout en créant de l’emploi.
Au même endroit, au rez-de-chaussée, se trouve « le site de récupération ».
L’on y a vu une montagne de sacs verts contenant des vêtements. Une année c’est au moins 20 000 livres de vêtements usagés qui sont passés par là! Depuis 18 ans, Renée Guimond gère les arrivages, tient les inventaires et nettoie ce qui doit l’être.
Malheureusement, tous ne sont pas réutilisables ou revendables. Ils sont parfois en piètre condition. Toutefois, on redirige presque tout. L’on vend même de gros sacs de guenilles à des garagistes à 5 $ pièce. « L’on fait ici un travail de récupération qui devrait être reconnu et même subventionné par la Ville, la MRC ou le CLD », de dire Mme Boulet.
Daniel Aubé fait bénévolement du transport de denrées depuis un an.
Photo: Richard Lavoie
Victuailles
Dans le sous-sol se trouvent les salles d’entreposage, la chambre froide et les congélateurs. Depuis 18 ans, Danielle Clavet en est responsable. Elle s’occupe aussi de la cuisine, du comptoir alimentaire et de la maintenance. Julie Pelletier l’assiste depuis trois ans. Tout ce qui entre à la maison est strictement contrôlé par le ministère de l’Alimentation des Pêches et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Lors de la visite, en compagnie de la présidente du conseil d’administration, Mme Marie-Andrée Boulet Croteau, jeudi dernier, tous étaient bien occupés. C’était jour d’arrivée de denrées recueillies chez les IGA, Maxi et Tim Horton magnymontois. La camionnette conduite par le bénévole Daniel Aubé était bien garnie. En visitant les lieux d’entreposage et de préparation, la présidente a mentionné que la Maison manquait constamment de conserves, de « cannages », autrement dit.
Alors, les conserves de ragoût de boulettes, de fèves au lard, de sardines, de légumes ou tous autres sont les bienvenues. « Beaucoup de gens ne faisant pas trop la cuisine, trouvent là-dedans des aliments faciles à préparer », de mentionner la présidente.
Cuisine, comptoir alimentaire
Un autre cœur battant des lieux est bien entendu la cuisine. Ce jour-là s’y trouvaient Noëlle Guimond, cuisinière et préposée au service du comptoir alimentaire à temps partiel depuis peu, après deux ans de bénévolat. Pascale Thibault Boulet, en pause de ses études en médecine, récemment arrivée, l’assistait. Elles s’affairent toutes deux à préparer des victuailles pour quelqu’un qui passerait bientôt les prendre.
Quelques minutes plus tard, dans cette ruche de générosité, un jeune homme dans la vingtaine, sur le pas de la porte, reçoit discrètement les quatre sacs de provisions que lui remet Pascale.
Notre regard a croisé le sien. Il a détourné le sien, mal à l’aise. Le journaliste a ressenti un pincement au cœur et s’est éclipsé, voyant comment une telle situation peut-être difficile à vivre. Heureusement, il y a le sourire, la compréhension et la bienveillance des gens de La Frontière, qui est bien plus qu’une simple maison. Ce reportage n’est pas un conte de Noël. Il décrit des réalités souvent insoupçonnées et surprenantes qui sont aussi près de nous.
Maison La Frontière
La Maison, ainsi que l’atelier de broderie et de couture ont leurs sites Facebook qu’on trouve en faisant : Maison de Secours La Frontière et Broderie La Frontière. Adresse : 210, rue Saint-Louis, Montmagny. Pour devenir membre, faire des dons ou pour information : 418 248-7133.