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Jacques Côté et les carnets de l’aliéniste : Polars d’antan

Jacques Côté a publié en novembre chez Alire, le troisième tome de la série Les Cahiers noirs de l’aliéniste. Intitulé Et à l’heure de votre mort, l’auteur y combine avec finesse un portrait de la médecine légale et de la psychiatrie à la fin du XIXe siècle à une intrigue policière trépidante.

La série est inspirée de l’histoire du docteur Georges Villeneuve, surintendant de l’asile Saint-Jean-de-Dieu et médecin expert à la morgue de Montréal, un personnage authentique et oublié de l’histoire de Québec. « Georges Villeneuve a posé les bases de la médecine légale à Montréal, note Jacques Côté. Il a introduit l’usage de l’entomologie judiciaire. [NDLR Une discipline qui établit la chronologie d’un décès par l’ordre d’apparition des insectes sur le cadavre, nos excuses aux cœurs fragiles!] Il a aussi systématisé les autopsies pour les morts violentes, reconstruit l’asile Saint-Jean-de-Dieu après un incendie, importé de son séjour en France une classification des maladies mentales qui a fait école et rédigé un traité de médecine légale des aliénés qui lui a valu une citation dans le prestigieux Times de Londres. »

Un personnage aussi complexe a bien entendu éveillé l’intérêt de l’auteur, qui enseigne aussi la littérature au cégep de Sainte-Foy. La série a d’abord survolé la jeunesse, les études et les aventures militaires du jeune Villeneuve. Dans ce troisième tome, il accède au poste de médecin expert à la morgue de Montréal. Ses efforts pour faire entrer la médecine légale dans l’ère moderne se mêlent à une course morbide pour débusquer un assassin qui s’en prend aux filles-mères en pratiquant des avortements clandestins qui n’ont rien d’altruiste.

« Je voulais qu’on sente bien la lenteur de cette époque. En 1894, on se déplace à pied ou à cheval. On a le temps de penser, de voir le paysage; j’ai essayé de mettre ça dans le roman. » En même temps, l’auteur décrit avec verve des moments de frénésie criminelle, où chaque seconde compte, ce qui donne à l’histoire un rythme particulier.

« Faire l’équilibre entre le décor, cette société de fin de siècle qu’il faut décrire, et l’action propre au polar, a été un vrai plaisir. Un auteur peut convier son lecteur à des découvertes », affirme Jacques Côté.

La réalité rejoint la fiction

Il aura fallu une petite enquête pour résoudre l’énigme posée par les remerciements à la fin du livre. Pourquoi Côté évite-t-il de citer ses sources sur Georges Villeneuve et W.G. Johnston, en évoquant un piratage dont il aurait été la cible?

L’auteur a vite éclairé notre lanterne : « Il y a eu quelques médias qui se sont approprié les sources d’une biographie que j’ai publiée sur Wilfrid Derome, le successeur de Georges Villeneuve. Boréal, mon éditeur, a été d’un grand soutien et a pris action rapidement, mais j’ai appris à faire attention, c’est tout! »

Un quatrième cahier?

La fin de Et à l’heure de votre mort est juste assez ouverte pour demander une conclusion. Surtout qu’il y a une histoire d’amour résolument d’époque, avec grande roue au clair de lune, de la musique, des adieux émouvants… « Un quatrième cahier, ça se pourrait, dit Côté en souriant. Toute la recherche est complétée, j’ai quelques pages déjà écrites, mais je sais que ça va me demander beaucoup de temps. Je me laisse encore le choix de le faire ou pas! »

L’avenir dira si nous pourrons accompagner le docteur Villeneuve dans d’autres péripéties, sinon, il restera la biographie de Wilfrid Derome.