Les coprésidents de la commission nationale d’examen de l’assurance-emploi, Gilles Duceppe et Rita Dionne-Marsolais ont fait une série de recommandations à Ottawa pour atténuer les effets négatifs de la réforme pour les travailleurs. Réagissant à cette annonce, le P.Q. et le NPD demandent des correctifs.
Pour le ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, Pascal Bérubé, « Le rapport de la Commission confirme nos appréhensions à l’égard des impacts anticipés par le mur-à-mur proposé par le fédéral. »
« Le gouvernement de M. Harper, ajoute le député de Matane, ne peut plus faire la sourde oreille quant aux préoccupations des gens de ma circonscription et de ma région. » Son collègue de Rimouski, Irvin Pelletier, demande à Ottawa « d’apporter des correctifs pressants à sa réforme et au régime d’assurance-emploi qui sont mauvais pour les travailleurs et les employeurs du Québec et de la région du Bas-Saint-Laurent. »
Main-d’œuvre saisonnière
Le député néodémocrate de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, François Lapointe, mentionnait d’ailleurs en entrevue, la semaine dernière, que dans son comté plusieurs employeurs craignent déjà de ne pas pouvoir combler leurs besoins en main-d’œuvre saisonnière. Avec les nouvelles règles de la réforme, la pression mise sur ces travailleurs afin qu’ils trouvent un emploi « acceptable », même hors de leur domaine de compétence ou de leur région, est en voie de provoquer la perte d’une main-d’œuvre qualifiée et d’expérience.
Le NPD insiste également sur l’importance de protéger l’indépendance de la caisse de l’assurance-emploi. « Les gouvernements libéraux et conservateurs se sont servis allègrement au sein de la caisse de l’assurance-emploi, et ce, même si cet argent ne leur appartient pas », soutient le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’assurance-emploi, Robert Aubin (Trois-Rivières).
« Nous voulons donc faire cesser cette pratique en faisant en sorte que la caisse devienne pleinement indépendante de toute ingérence politique », a poursuivi le député pour qui cette réforme est « dévastatrice ». Selon M. Aubin, le NPD mettra de l’avant, d’ici 2015, son plan pour un programme de l’assurance-emploi « qui répond réellement aux besoins des travailleurs et des entreprises. » Mentionnons qu’entre 1994 et 2008, le gouvernement fédéral a utilisé 57,2 milliards $ provenant de cette caisse.
Taxe déguisée
Plusieurs politiciens dénonçant la chose n’ont d’ailleurs pas hésité à qualifier cette pratique de « détournement de fonds » ou encore de « taxe déguisée », comme l’ont affirmé des représentants de chambres de commerce au député François Lapointe.
Le NPD lance d’ailleurs une pétition pancanadienne, ainsi qu’une page Facebook « afin que les citoyens d’un océan à l’autre puissent signaler au gouvernement l’importance d’assurer l’autonomie de la caisse d’assurance-emploi. »
M. Lapointe abonde dans le même sens que son collègue de Trois-Rivières. Il trouve scandaleux que l’on ait vidé la caisse de l’assurance-emploi pour se servir de l’argent à d’autres fins que celles concernant l’emploi ou les travailleurs. « Le gouvernement ne met plus un cent là-dedans. Et même si l’économie ne roule pas à plein rendement comme en 2006, 2007, on recommence à faire des surplus [dans la caisse de l’assurance-emploi], mentionne-t-il.
En capitalisant, « on pourrait se retrouver avec un coussin collectif, de 10-12 milliards d’ici 2016 ». Ces surplus pourraient, entre autres, servir à lancer et soutenir des « idées structurantes » pour l’emploi. Mais, pour cela, ajoute-t-il : « Il faut en priorité que le fonds qui est cotisé par les Canadiens, soit protégé [gestion indépendante]. Alors, on pourra faire des choses non pas de manière punitive et déconnectée des réalités des industries, mais de façon constructive et en collaboration avec elles, surtout les industries saisonnières. »
Annuler les irritants
« Dans les premiers 100 jours suivant notre élection en 2015, nous annulerions tous les irritants de la réforme. Les trois catégories de chômeurs, la pression pour que les gens se trouvent un job « convenable », à 100 km de chez eux », de dire M. Lapointe, pour ne nommer que ceux-là, dirigeraient le NPD vers une annulation de la réforme de l’assurance-emploi.
Du côté provincial, parmi les 30 recommandations qui figurent dans le rapport de la commission nationale d’examen de l’assurance-emploi, M. Duceppe et Mme Dionne-Marsolais suggèrent qu’une entente administrative avec Ottawa accorde au gouvernement du Québec la gestion du régime d’assurance-emploi. Cette commission a tenu 21 audiences publiques dans 19 villes à travers le Québec et a recueilli plus de 250 témoignages, dont 170 mémoires et avis écrits.
En ce qui concerne le gouvernement fédéral, le ministre de l’Emploi Jason Kenney, estime que tout cela est en quelque sorte une tempête dans un verre d’eau et que le resserrement des règles de l’assurance-emploi n’a pas entrainé la catastrophe économique prédite par le NPD et d’autres opposants. Les propos du ministre sont d’ailleurs rapportés en détail dans La Presse.ca du 27 novembre.