L’égalité des chances est un concept étranger pour bon nombre de citoyens québécois. Plusieurs ne sauraient comment bien le saisir. J’aimerais profiter de cette tribune pour tenter de l’expliquer.
La façon la plus simple que j’ai trouvé pour y arriver est d’utiliser le mouvement de contestation étudiant. La compréhension du concept de l’égalité des chances est même un moyen primordial pour saisir le message que nous lancent ces jeunes citoyen-ne-s.
Commençons d’abord par nous mettre dans la peau d’un enfant d’une famille pauvre ou de classe moyenne endettée, aujourd’hui plus nombreuses que jamais. Cet enfant, s’il veut obtenir une formation universitaire qui le passionne et espérer faire partie d’une classe sociale mieux nantie, devra inévitablement affronter des obstacles financiers. Les frais de session actuels l’obligeront à travailler pour payer ses dépenses académiques, et ce, autant pendant les sessions d’étude que durant l’été. Les coûts de sa formation le forceront également à emprunter des milliers de dollars à des institutions bancaires ou à l’État, à qui il sera contraint de payer des intérêts durant plusieurs années. Vous devinerez comme moi que le poids de l’endettement de cet enfant sera d’autant plus grand s’il doit quitter une région rurale et déménager en ville.
Maintenant, mettons-nous dans la peau d’un enfant d’une famille riche ou de classe moyenne aisée. Cet enfant, s’il veut réaliser son rêve de décrocher un diplôme universitaire dans un domaine qui le passionne, n’aura pratiquement aucune barrière financière devant lui. Que ce jeune provienne d’une région éloignée ou de la ville, le coût de son diplôme pourra être défrayé en quasi-totalité par ses parents. Ce jeune pourra ainsi éviter de travailler pendant ses sessions d’étude. Tant mieux pour lui puisqu’il est prouvé que lorsqu’un étudiant travaille 19 h et plus par semaine, ses résultats scolaires diminuent, tout comme ses chances de diplomation.
À la lumière de cette brève comparaison, ne croyez-vous pas que l’enfant issu d’une famille pauvre ou de classe moyenne endettée sera moins tenté d’aller à l’université? Et qu’en sera-t-il pour le jeune de la région éloignée? Bien que l’égalité parfaite des chances soit utopique, ne croyez-vous pas que nous pourrions au moins tenter de nous en rapprocher et ainsi, permettre à un plus grand nombre de jeunes québécois de s’éduquer, de s’émanciper?
En terminant, vous conviendrez que la décision du gouvernement libéral de hausser de 75 % en 5 ans les frais de scolarité ne favorisera pas l’égalité des chances. Or, que devons-nous faire en tant que « bons citoyens engagés »? Défendre l’égalité des chances ou supporter son anéantissement?
Simon Côté
L’Islet