Monsieur Jean Desjardins, président
Lors de la séance publique du conseil d’administration du CSSS de Kamouraska, tenue le 30 octobre dernier, la population, les employés et leurs représentants syndicaux ont fait part de leurs préoccupations quant à la fermeture du CHSLD Thérèse-Martin.
Pendant plus d’une heure, nous avons interpellé les membres du conseil d’administration de l’établissement sur les impacts d’une telle décision. Loin de rassurer les personnes présentes, les réponses données par monsieur Jean Desjardins, président du conseil d’administration, ont accentué leurs inquiétudes et suscitées de nombreuses interrogations.
Selon nous, les besoins immédiats et futurs de lits publics d’hébergement pour la population vieillissante dans la région de Kamouraska justifient largement le maintien des 150 lits actuels.
Le président du CA dit que le CSSSK veut diminuer le nombre de lits pour se conformer à la norme imposée par l’Agence de la santé. Cette norme se situe actuellement à 2,7 lits par 100 habitants, alors que la coupure annoncée fera en sorte de diminuer la proportion de lits disponibles à 2,2 par 100 habitants. Pourquoi une telle baisse?
Le président du CA dit également que le besoin ne se situerait qu’à 86 lits et qu’il y a actuellement des places vacantes. Alors, comment expliquer qu’un rapport interne daté de mars 2012 fait état « d’une aberrance, celle d’un patient qui a attendu 4 mois pour être hébergé en longue durée retardant d’autant son plan d’intervention »?
Monsieur Desjardins dit faire l’envie des autres populations de la région du Bas-St-Laurent pour son grand nombre de lits privés, soit environ 850. Il dit de plus que le CSSSK transférera au privé, d’ici deux ans, les 10 lits de convalescence actuellement offerts en CHSLD. L’objectif est-il de favoriser le développement des services privés?
À l’heure où, partout au Québec, on fait une bataille contre la privatisation des soins et des services et on réclame une accessibilité gratuite pour tous, la direction du CSSSK accentue le virage au privé. Partout au Québec les coûts élevés et la piètre qualité des services privés d’hébergement sont dénoncés. Les aînés du Kamouraska auront-ils les moyens de se payer
des services d’hébergement de qualité?
Le réseau ne dispose pas suffisamment de places pour accueillir toute la clientèle du CHSLD Thérèse-Martin qui devra être déplacée. On parle déjà de construire une nouvelle ressource intermédiaire. Voilà l’exemple parfait d’un désengagement de l’état au profit du privé.
Les administrateurs laissent miroiter à la population que la fermeture du Centre Thérèse-Martin permettra d’augmenter les services à domicile aux personnes en perte d’autonomie afin qu’elles puissent continuer à vivre à domicile; ils affirment que la fermeture permettra une plus grande accessibilité aux soins à domicile.
Nous sommes totalement en accord avec le développement des services à domicile; nous sommes convaincus que le CSSS du Kamouraska doit augmenter son offre de services aux soins à domicile, mais cela ne doit pas se faire au détriment des lits en CHSLD dont la population vieillissante du Kamouraska a besoin. La clientèle en CHSLD est très différente de celle qui reçoit des services à domicile.
Il n’est pas rare qu’une personne admise en CHSLD ait besoin de plusieurs heures d’aide et de soins par jour. Que feront les familles quand les services à domicile ne seront plus suffisants, si nous avons fermé les lits publics en CHSLD. Monsieur Desjardins a de plus reconnu que les ajouts en services à domicile ne seront pas disponibles avant au moins un an.
Il a de plus avoué que le CSSSK a de la difficulté à recruter le personnel pour répondre aux besoins actuels; alors comment peut-il garantir être en mesure de donner les services promis?
Sous prétexte que le bâtiment est désuet et qu’il ne répond pas aux critères d’un milieu de vie, on met la clé dans la porte. Pourtant, l’édifice du Centre Thérèse-Martin est, selon nos informations, celui qui répond le plus aux normes du code du bâtiment parmi les CHSLD du CSSSK.
La décision de fermer le Centre Thérèse-Martin aura, de surplus, un impact majeur sur les travailleurs. En réalité, une infime partie sera réaffectée pour offrir des services à domicile à la population et plusieurs perdront leur emploi. Dans une région, où les emplois de qualité se font rares, il s’agit d’un enjeu que les décideurs publics ne peuvent ignorer.
Contrairement à vos affirmations dans l’édition du 7 novembre du journal Le Placoteux, sachez monsieur Desjardins, qu’aucune discussion n’est en cours avec les instances syndicales pour présenter des scénarios et atténuer les effets sur le personnel.
La décision du CSSS de Kamouraska privera les familles et les aînés de notre communauté d’un service public essentiel, celui de permettre aux personnes vulnérables d’obtenir des soins de longue durée dans leur milieu de vie; des aînés qui risquent de se retrouver loin de leur famille et de leur milieu de vie ou qui risquent d’être forcés de débourser des sommes
astronomiques pour se payer les services dont ils ont besoin.
Monsieur Desjardins, le CSSSK doit revoir sa position et maintenir les lits d’hébergement du Centre Thérèse-Martin.
Robin Turcotte, conseiller syndical FSSS-CSN
Pour la coalition intersyndicale du CSSS de Kamouraska