SAINT-JEAN-PORT-JOLI – Lorsqu’on lit le titre du premier roman de Marcel Lefebvre, « Les amants de 1837 », on est porté à croire qu’il s’agit d’une simple histoire d’amour. Ce n’est pas le cas. Le livre met en contexte toute l’époque de la rébellion des patriotes.
Jean Noland suit les traces de Wolfred Nelson, fougueux politicien d’origine anglaise qui appuie les rebelles du Bas-Canada, ce qui lui vaut le rejet de sa famille, de l’Église et de ceux qui craignent l’insurrection armée. Parallèlement à son engagement politique, Noland voit son cœur déchiré entre la jeune Indienne Kwanita Oqueby et la belle Britannique Mary Patinson.
« D’abord, je voulais écrire une histoire d’amour. Même qu’à l’origine, c’était un projet de comédie musicale », raconte M. Lefebvre. « J’avais imaginé une grande histoire d’amour déchirante, j’avais fait des oppositions entre mes personnages pour avoir des rebondissements », poursuit l’auteur. En cours de route, c’est devenu un roman. Une comédie musicale demande beaucoup de echerche de financement, ce dans quoi il n’avait pas le goût de s’embarquer.
Contexte historique
D’ailleurs, les oppositions que l’on retrouve à la lecture du roman tiennent de la comédie musicale. Bien que l’histoire d’amour demeure importante, Marcel Lefebvre accorde une place importante au contexte historique de 1837.
La rébellion n’avait rien à voir avec la langue, c’était une question de démocratie. « S’appartenir au lieu d’appartenir à l’Angleterre en tant que peuple distinct, avoir un gouvernement responsable », résume M. Lefebvre.
Marcel Lefebvre voit un lien entre les événements de 1837-1838 et le référendum de 1995, où les tenants des deux options sont arrivés nez à nez. « Je me suis dit, quelle sorte de peuple sommes-nous pour être divisés de la sorte sur une question identitaire? » En écrivant le roman, il a réalisé qu’au temps des patriotes, les gens étaient aussi également partagés.
Cette division était présente en 1775 lors de l’invasion américaine, qui sera le thème de son prochain roman. Encore là, raconte-t-il, 50 % de la population appuyait les Américains pour se libérer des Britanniques. L’autre 50 %, favorable aux Anglais, suivait l’Église récompensée en 1774 par le parlement britannique avec la promulgation de l’Acte de Québec.
Selon M. Lefebvre, cette façon de se partager est presque inscrite dans nos gènes. « On a beau à chaque fois faire des essais de libération, les vieux démons reviennent sans cesse », observe l’auteur.
Époque fascinante
Comme il avait déjà écrit pour Denis Héroux le scénario du film « Quelques arpents de neige », qui se déroule à la même période, les recherches qu’il avait faites à ce moment pouvaient lui servir. « J’ai situé mes personnages à cette époque qui me fascine pour le roman », ajoute l’auteur.
Marcel Lefebvre parvient habilement à marier la fiction à la réalité. Bien que fictive, l’histoire d’amour est plausible. « C’est d’arriver à trouver des liens entre l’histoire inventée et l’Histoire réelle; utiliser la véritable Histoire pour faire rebondir le roman », comme il dit.
La création
Animé par la création, Marcel Lefebvre a été, entre autres, publicitaire, scénariste, réalisateur, producteur et metteur en scène avant, parce que cela demandait beaucoup de temps, de signer son premier roman. Il est aussi peintre.
M. Lefebvre a signé les textes de chansons pour des artistes tels que Jean Lapointe, Céline Dion, Roch Voisine, Ginette Reno et Diane Dufresne. Parmi les classiques : Chante-la ta chanson et C’est dans les chansons. Dans les années 1960, il a enseigné la philosophie au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Le 12 juin dernier, il a présenté une conférence au Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli.