LA POCATIÈRE – Les producteurs de porcs de la Côte-du-Sud sont à bout de souffle. L’industrie porcine au Québec est en crise. Les producteurs tombent. Dans la dernière année, en Côte-du-Sud, quatre entreprises ont fermé. Les producteurs se disent ignorés par le gouvernement provincial pendant qu’ils livrent une guerre de chiffre avec la Financière agricole du Québec (FADQ). Devant la presse régionale, sept producteurs ont témoigné du sort réservé à leurs entreprises, si rien n’était fait à court terme.
C’est un véritable cri du cœur qu’a lancé le groupe des sept. Les deux modèles d’affaires composés de producteurs indépendants et d’entreprises intégrées sont autant touchés dans la crise. C’est la tête basse, la gorge nouée et les dents serrées que les sept ont pris la parole. Le message, lui, était lancé avec la fierté du producteur.
Le président du syndicat des producteurs de porcs de la Côte-du-Sud, Jacques Dionne, expliquait que les principales causes de la crise sont la force du dollar canadien, la hausse des intrants (pétrole, maïs) et la baisse de la demande pour la viande.
Soutien du gouvernement
Les producteurs de porcs présents disent que le soutien prévu du gouvernement du Québec se fait attendre. Selon eux, le budget alloué par le gouvernement à La Financière agricole est suffisant pour accompagner les producteurs. Maintenant, ils espèrent que la FADQ les « soutienne et respecte ce qui avait été convenu pour ainsi être encore présent quand cette crise sera terminée. »
M. Jacques Dionne et M. Charles Proulx
Photo: Tommy Lavoie
M. Charles Proulx, président de la Fédération de l’UPA de la Côte-du-Sud, salue les modifications apportées aux critères d’admissibilité de la stratégie de soutien à l’adaptation des entreprises agricoles. Toutefois, il déplore la lenteur du processus. « Cela a pris près d’un an, pour annoncer les modalités […] et à notre connaissance, rien n’est encore versé dans notre région après deux ans. » De la poudre aux yeux, selon M. Dionne.
Les producteurs mentionnent aussi que leurs syndicats se battent dans une guerre de chiffre avec la FADQ. Stéphane Leclerc, producteur porcin de Saint-Pamphile, écrivait dans une lettre envoyée au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), M. Pierre Corbeil, que le remboursement du prêt, qui était de quinze ans à l’origine, se fera en quatre ans si le rythme imposé se maintient. Pour lui, cela représente environ 84 000 $ de plus à rembourser par année et un manque à gagner de 100 000 $ par année.
Principales demandes
Des producteurs ont précisé que c’est le raffermissement du prix du porc des dernières semaines qui leur a permis de ne pas se diriger vers la médiation du bureau d’endettement agricole.
Ils réitèrent les principales demandes formulées par la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ) et l’UPA. Une réduction supplémentaire de la prime en 2011, pour le secteur porcin, de 2,50 $ par porc qui présentement est à 9,21 $ fait partie de la demande. Cela représenterait une économie pour la FADQ de plus de 55 millions, disent-ils.
De plus, les producteurs demandent un programme de congé de capital et de remboursement d’intérêts d’un minimum de trois ans pour les entreprises porcines éprouvant des difficultés financières et un diagnostic plus rapide par le MAPAQ dans les programmes de stratégie de soutien à l’adaptation des entreprises agricoles.
Normes environnementales
Les normes exigées (environnementales et de biosécurité) par le gouvernement font mal financièrement aux producteurs. « Nous ne sommes pas contre ces normes et nous les respectons », raconte Claude Lavoie, producteur de Saint-Pascal. « C’est le producteur qui assume la presque totalité des coûts […] pendant que d’autres produits du porc entrent au pays librement sans les mêmes normes », poursuit M. Proulx. Et cela, « sans jamais y retrouver une augmentation de nos revenus », complète M. Dionne.
« Actuellement, nous ne pouvons plus poursuivre sans une intervention rapide du gouvernement », de conclure le président Dionne.