Lettre à Daniel Ratthé, député de Blainville, et à François Legault, chef de la CAQ
Ce n’est pas d’indépendance que les Québécois ne veulent plus entendre parler, Messieurs Ratthé et Legault. Ce dont ils ont soupé et qui les épuise, c’est d’une succession de tentatives vaines d’obtenir plus de pouvoirs d’Ottawa à laquelle ils ont consacré depuis 50 ans toutes leurs énergies vives. Ils sont las des échecs répétés et humiliants contre des forces fédéralistes qui sont allées jusqu’à tricher, à abuser de leur confiance et à leur faire de fausses promesses pour les battre; pas de l’idée de souveraineté elle-même!
Votre chant des sirènes, M. Legault, dit en substance : « Renonçons à la moitié de notre coffre à outils puisque les fédéraux ne veulent pas nous le laisser » et, ainsi mal outillés, « reconstruisons le Québec ». Beau programme! Bien d’autres s’y sont cassé les dents avant vous.
La machine canadienne, remarquablement bien rodée, a résisté à tous nos assauts depuis 144 ans. Et ces échecs nous coûtent cher : chaque fois que nous remuons de désespoir, la camisole de force canadienne resserre son étreinte d’un cran. Les fédéraux en profitent alors pour huiler et réajuster chaînes et cadenas; on en entend le pénible cliquetis jusqu’à Québec. Et le Québécois ainsi enchaîné, affaibli et démoralisé doit par surcroît souffrir les lubies monarchistes de ses geôliers, qui lui imposent en permanence comme uniques pitances le portrait de la reine d’Angleterre et le drapeau canadien…
« Le Canada sera le tombeau de la race canadienne-française »… Vous devriez, M. Ratthé, méditer ces paroles prophétiques que Wilfrid Laurier a prononcées en 1867 avant d’aller vous allonger pour de bon aux côtés de M. Legault au fond du tombeau de la nation québécoise. Pensez-y bien avant de refermer définitivement le couvercle portant l’inscription : « Ci-gît la CAQ, morte d’avoir elle-même enfoncé le dernier clou au cercueil des aspirations québécoises les plus légitimes ».
La nation québécoise ne s’épanouira que quand elle décidera de cesser de vivre dans des paramètres et des structures définis par d’autres et, par conséquent, nuisibles à sa cohésion nationale. Et non pas en se muselant elle-même pendant 10 longues années. Depuis quand gagne-t-on à tourner le dos à un adversaire en guerre ouverte contre nous? Comme Jean Charest, vous auriez tous deux avantage à vous inspirer des sages enseignements de L’Art de la guerre, de Sun Tzu.
Jean-François Vallée
Saint-Philippe-de-Néri

