SAINT-PASCAL – Le Centre de prévention suicide du KRTB, dans le cadre de sa semaine de sensibilisation, a présenté la conférence de Rémi Côté, étudiant en psychosociologie à l’université de Rimouski. Devant près de quarante personnes, réunies au Restaurant de La Montagne de Saint-Pascal, le conférencier, paraplégique à la suite d’un accident de motocross en octobre 2007, est venu redorer l’image des bonheurs quotidiens souvent oubliés.
Plusieurs s’attendaient à une conférence, où le jeune homme aurait d’emblée raconté son accident, ses souffrances et les épreuves surmontées pour ne garder que l’adage du comparez-vous; consolez-vous. Eh bien non.
L’approche de Rémi Côté est différente. Son accident et sa condition sont prétextes à la conférence. La singularité, au caractère de ce qui est unique, voilà ce que le conférencier met de l’avant.
« Chacun pousse sa pierre au sommet », illustre-t-il.
« Les peines de l’un valent bien celles de l’autre ». Le but, c’est d’être en mesure « de passer à travers ». Le bonheur [ou le malheur] ce n’est pas obligé d’être de grandes choses, confie-t-il. Le bonheur, ajoute-t-il, c’est un travail, une recherche. « Il faut aller à sa rencontre ».
Contrer la solitude
« La peine prend une place si grande que nous n’arrivons pas à nous souvenir des moments où elle n’y était pas », raconte Rémi. Dans ces moments, il invite à créer des liens et à se sortir de sa solitude, mais surtout, et là est la plus grande tâche, dira-t-il, c’est d’entretenir ces liens créés.
Il ne voit aucune honte à vivre des périodes sombres. « Les tentations suicidaires font aussi partie du processus naturel dans le deuil à la suite d’une fatalité », émet-il. Alors, parlez. « Dire que nous avons besoin d’aide et 50 % du travail est fait », assure-t-il.
Certaines questions doivent s’être posées telles que : « Aujourd’hui, qu’est-ce que j’ai fait de bien? » « En ce moment de ma vie, qu’est-ce que je veux? » et « Qu’est-ce qui va bien dans ma vie? »
Garou, un chien accompagnateur Mira, assiste Rémi Côté dans les tâches de son quotidien.
Photos: Tommy Lavoie
Avoir des objectifs
Deux jours après son accident, Rémi comprend qu’il doit se trouver des objectifs à la fois « mesurables, atteignables et réalisables ». C’est l’étape première. Deuxième conseil de sa part : Donnez-vous le temps d’y arriver. Pour lui, l’autonomie était en tête de liste, suivie de la capacité d’être heureux et enfin se trouver un projet de vie. Ce qu’il semble avoir concrétisé depuis 2007.
L’écoute
Si vous faites partie de l’entourage d’une personne vivant une épreuve, offrez l’écoute. « Quand on se sent écouté, on se sent libéré », dit-il. Toutefois, il vous met en garde. « La peine de l’autre ne vous appartient pas. Vous avez le droit de vous détacher. Ne poussez pas la roche de l’autre. »
Devant ce qu’il nomme l’inévitable, croire en SOI — majuscules obligent selon lui – permet d’accroître sa capacité de combativité, que d’aucuns appelleront le courage.
« Cela ne dérange personne d’allez à l’intérieur de SOI et de se développer sur ce que l’on vit », mentionne-t-il. « Il y a deux grandes certitudes, l’on naît et l’on meurt. Entre les deux, nous ne faisons que changer », conclut-il.