Le fils de Gaspé sort de l’ombre de son père

SAINT-JEAN-PORT-JOLI – À la question : quel est le nom du premier romancier québécois? Plusieurs répondront : Philippe Aubert de Gaspé. Ce qui est juste. À la question suivante : Quel est le titre du premier roman québécois? Là encore, les gens seront nombreux à répondre : « Les Anciens Canadiens. » Voilà l’erreur! Car, si le premier romancier est bien Philippe Aubert de Gaspé, c’est du fils et non du père dont il est question. Et son livre, publié 26 ans avant l’autre, s’intitulait « L’influence d’un livre. »

Dans ce qu’il appelle une biographie raisonnée intitulée « De Gaspé Fils, 1814-1841 », l’auteur Michel A. Noreau raconte la vie tumultueuse du premier romancier québécois. Ce livre vient en quelque sorte corriger l’erreur souvent faite de confondre le père et le fils et réhabiliter le personnage. M. Noreau apporte notamment un regard nouveau sur les circonstances entourant son décès prématuré à Halifax en 1841.

Essentiellement, Michel A. Noreau trace un portait détaillé de De Gaspé, fils, celui qui, à l’âge de 23 ans, publie son roman « L’influence d’un livre. » Il faudra attendre jusqu’en 1863 avant que le père, dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, publie le roman, « Les Anciens Canadiens », qui connut un grand succès.


Michel A. Noreau, entouré de ses petites-filles, Isabelle et Anne-Sophie, de même que de ses filles Martine, Katherine, Lisette Blanchet, son épouse, et Marie-Andrée
Photo: Maurice Gagnon

Recherche

La biographie écrite par Michel A. Noreau repose sur une recherche basée sur la lecture de plusieurs volumes, documents, lettres, journaux de l’époque et autres sources historiques. « J’ai lu tout ce que j’ai trouvé sur lui [de Gaspé] et ses écrits », raconte l’auteur. Il dit, en outre, que la critique a été très dure envers de Gaspé, ce qui l’a affecté beaucoup.

Philippe Aubert de Gaspé fils a connu les années troubles de 1837-1838. Il était à Québec lors du choléra de 1832. Il a été journaliste pour « l’Abeille » en Louisiane, courriériste parlementaire à Québec – il menace alors un député avec un fouet -, il a aussi fondé un journal « Le Télégraphe. »

Le manoir

Fuyant un mandat d’arrêt émis par Louis-Joseph Papineau, de Gaspé se réfugie au manoir de Saint-Jean-Port-Joli où il écrit son roman. C’est à son retour à Québec, en compagnie de son compagnon de fuite, le journaliste Napoléon Aubin, qu’il fonde « Le Télégraphe. » Comme son père, il sera incarcéré à la prison de Québec.

« Il est même contraint à des travaux forcés », rapporte Michel A. Noreau. De Gaspé meurt en exil à Halifax où il est enterré. Le 26 octobre 2003, grâce aux démarches de la Corporation Philippe-Aubert-de-Gaspé, une plaque commémorative a été dévoilée dans cette ville.

Afin de voir l’influence que le père a pu avoir sur le fils, une partie lui est consacrée à la fin de l’ouvrage.

Les profits réalisés par la vente de ce livre seront versés au Musée de la mémoire vivante, érigé selon les plans de l’ancien manoir sur son site d’origine, à Saint-Jean-Port-Joli, où autant le premier que le second roman québécois ont été écrits.

Michel A. Noreau est également l’auteur du roman historique « Le docteur L’Indienne », publié en 2003, aux éditions La Plume d’oie.