SAINT-ANDRÉ – L’événement est demeuré secret pendant 50 ans, pourtant le 10 novembre 1950, une bombe atomique américaine de type Mk4 (Mark 4) a explosé au-dessus de Saint-André dispersant 45 kilogrammes d’uranium. L’incident cause alors une contamination radioactive de faible densité.
Durant la guerre froide, les États-Unis établissent une centaine de bases militaires au Canada. L’une d’elles se trouve à Goose Bay, dans le Labrador. Cette base est la plus rapprochée de l’Europe. En août 1950, l’U.S. Air Force y conserve onze bombes atomiques Mk4.
Le 10 novembre, un bombardier américain B-50 transportant une de ces bombes est victime d’une panne mécanique lors d’un vol de routine. L’avion menace de tomber. Dans un tel cas, le protocole demande que la bombe soit larguée pour éviter qu’elle explose avec l’appareil. La charge nucléaire (uranium) et la charge d’ignition sont transportées séparément. L’équipage procède au montage de la bombe au moment de l’attaque, peut-on lire dans Internet. La charge conventionnelle est larguée et explose, vers 16 h, à l’ouest du Petit-Pèlerin, une île située au large du village.
Pendant 50 ans, l’affaire est étouffée. C’est le ministre de la Défense nationale du Canada, Art Eggleton, qui confirme le fait le 25 février 2000.
M. Guy Desjardins et Mme Marthe Dubé-Hudon se souviennent de l’explosion
Photo: Maurice Gagnon
Témoignages
Un site Internet rapporte le témoignage du curé de l’époque paru dans le journal Le Saint-Laurent. L’abbé Caron raconte : « J’étais occupé à couper mon tabac, lorsque j’ai entendu un bruit sourd. Je suis sorti et ma ménagère m’a dit qu’elle avait vu un nuage de fumée jaune pâle qui s’élevait du fleuve.
En prenant de l’altitude, il grossissait constamment. Puis, ce fut l’explosion, un véritable grondement de tonnerre répété par l’écho des montagnes. Les habitants sont aussi sortis de leurs résidences, inquiétés par le bruit, mais l’explosion n’a causé aucun dommage. »
Guy Desjardins a vu une boule de feu de la fenêtre de l’école de Saint-André.
Photo: Maurice Gagnon
On retrouve encore à Saint-André des témoins de l’affaire. C’est le cas de M. Guy Desjardins qui a entendu l’explosion de son banc d’école. Il avait 9 ans. L’élève a vu la boule de feu de la fenêtre de sa classe.
À 92 ans, Mme Marthe Dubé-Hudon se souvient de l’explosion. « On avait un magasin à Saint-Germain. J’ai entendu un bruit extraordinaire. On nous a dit par la suite que quelque chose avait explosé dans le fleuve », raconte-t-elle.