Gaston Deschênes signe un essai sur L’Affaire Michaud

SAINT-JEAN-PORT-JOLI —  En écrivant « L’Affaire Michaud, chronique d’une exécution parlementaire », Gaston Deschênes souhaite rétablir les faits. L’ouvrage veut démontrer qu’en adoptant une motion de blâme contre Yves Michaud, le 14 décembre 2000, l’Assemblée nationale a commis une injustice envers un citoyen qui n’a jamais prononcé les paroles qu’on lui a reprochées.

Ce jour-là, l’Assemblée nationale du Québec adopte une motion dénonçant « les propos inacceptables à l’égard des communautés ethniques et, en particulier, à l’égard de la communauté juive tenus [le 13 décembre] par Yves Michaud à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal. »

Or, le texte de la conférence de M. Michaud repris dans le livre de M. Deschênes ne fait mention d’aucun propos antisémite. La seule référence que Yves Michaud fait au peuple juif, c’est pour, citant le chanoine Groulx, le proposer comme modèle à suivre pour les Québécois, fait remarquer M. Deschênes.

Sans débat

La motion de l’Assemblée nationale a été adoptée, sans débat, à peine une heure après avoir été évoquée dans une question orale du chef de l’Opposition. Les propos n’ont pas été lus aux députés et l’accusé n’a pu d’aucune façon se défendre. « Il avait fallu moins d’une heure pour accuser, “juger” et condamner un citoyen pour délit d’opinion », note Gaston Deschênes dans son livre.

Tout au plus, lors d’une entrevue accordée à l’animateur de radio Paul Arcand, sur les ondes de CKAC, le 5 décembre 2000, Yves Michaud fait référence à une conversation qu’il a eue chez son coiffeur avec un sénateur juif où il déclarait que le peuple juif n’avait pas été le seul à souffrir dans l’histoire de l’humanité. « Michaud n’a jamais banalisé l’Holocauste », note Gaston Deschênes. Selon l’auteur, ses propos ont été cités hors contexte.

L’homme à abattre?

M. Deschênes fait ressortir dans son livre que la veille de son passage aux États généraux, Yves Michaud avait annoncé son intention de présenter sa candidature à l’investiture du Parti Québécois dans la circonscription de Mercier pour l’élection partielle. L’histoire a explosé après cette annonce. Yves Michaud était-il l’homme à abattre?

L’essai de Gaston Deschênes relate les tribulations d’un citoyen qui, pendant plus de cinq ans, a tenté, mais sans succès d’obtenir réparation de la part des députés. Yves Michaud s’est tourné vers la justice. Tant en première instance qu’en appel, il perd sa cause. Les cours de justice évoqueront les privilèges parlementaires qui assurent aux assemblées législatives le contrôle exclusif de leurs débats et aux députés la liberté de parole. À la fin du dernier jugement rendu dans cette affaire, souligne l’auteur, un juge a reconnu que Michaud avait été victime d’une injustice.

En plus d’être l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de la Côte-du-Sud, Gaston Deschênes a fait carrière à l’Assemblée nationale. De 1979 à 2004, il était chef du Service de recherche et directeur des Études documentaires. « L’Affaire Michaud, chronique d’une exécution parlementaire » est publié aux éditions Septentrion.