NOTRE-DAME-DU-PORTAGE – Le 30 janvier dernier, le juge Gérald Laforest a condamné le cyberpirate informatique qui avait établi son port d’attache à Notre-Dame-du-Portage, Jonathan Ouellet âgé de 22 ans, à une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité. Le jeune pirate a été arrêté l’an dernier lors de l’opération « Basique », menée par la Sûreté du Québec.
L’enquête policière a démontré que Ouellet contrôlait à partir de Notre-Dame-du-Portage pas moins de 100 000 ordinateurs personnels et d’entreprises situées dans 75 pays. Une condamnation qui vient contredire le mythe du cyberpirate uniquement actif depuis les grands centres urbains.
Jonathan Ouellet, qui s’est vu assigner à domicile en janvier dernier par un ordre de la cour, se voit imposer de nombreuses restrictions.
Le jeune émule du célèbre Mafia Boy ne pourra toucher à aucun clavier d’ordinateur pour une période de 4 ans. Il écope aussi de 150 heures de travaux communautaires. De plus, il sera soumis à une période de probation d’une durée de deux ans qui débutera à la fin de sa peine.
Ouellet, qui était membre d’un réseau de cyberpiratage, a utilisé des logiciels malveillants, notamment des vers informatiques afin de profiter des failles de sécurité des systèmes informatiques pour en prendre le contrôle. L’organisation profitait ensuite du fait que les utilisateurs se trouvaient en ligne pour utiliser à leur propre fin leur bande passante. Les victimes de ce piratage ont ainsi vu leur vitesse de navigation considérablement ralentir ou même de carrément « geler ».
Ce regroupement d’ordinateurs n’est pas fortuit de la part de ces cyberpirates. « Ces cyberpirates, un peu comme dans le cas de Mafia Boy, utilisent la puissance que leur offrent tous ces ordinateurs réunis ensemble afin de lancer une attaque et de paralyser un site Internet, un réseau ou un serveur », explique le consultant informatique chez Servlinks Communication, Hugo Laporte.
Dans le cas de Mafia Boy, les dommages de 1,7 milliard qui ont découlé de son attaque, l’ont été à partir d’une centaine d’ordinateurs. Ouellet en contrôlait 100 000. Toutefois, le pirate de Notre-Dame-du-Portage n’en aurait pas tiré de bénéfices financiers ou personnels. « Les jeunes d’aujourd’hui font ça par défi, ils font ça pour la forme. Et il y en a beaucoup, d’où la nécessité d’avoir un ordinateur bien protégé », ajoute M. Laporte.
Basique
L’opération « Basique » a débuté en 2006 pour connaître son dénouement en 2008. Il s’agit de la plus importante opération du type à avoir été menée au Canada. En plus de Ouellet, la SQ en arrêtait deux autres à Québec, trois à Saguenay et trois à Montréal. Le Bureau régional d’enquête de Rimouski avait alors porté assistance dans l’enquête et l’arrestation de Jonathan Ouellet. Parmi les victimes, on retrouve des entreprises hôtelières ainsi que des institutions gouvernementales dont les noms n’ont jamais été rendus publics.
Conseils
Toute personne ayant en sa possession un ordinateur personnel doit s’assurer d’être protégée. « C’est un minimum aujourd’hui d’avoir un logiciel antivirus et un logiciel coupe-feu (firewall). De plus, ces logiciels savent maintenant reconnaître les logiciels espions (spyware) qui transmettent à d’autres les informations confidentielles contenues dans l’ordinateur. Dans le cas de connexion Internet sans fil à l’aide d’un routeur, il faut impérativement activer la sécurité par mot de passe », recommande le consultant de Servlinks Communication.
Dans la région, on estime à près de 60 % les entreprises ayant été victimes de piratage informatique. Pour certaines d’entre elles, c’est en faisant affaire avec des consultants extérieurs qu’elles ont réalisés qu’elles étaient piratées.
Collaboration spéciale: François Drouin, Infodimanche.com