CÔTE-DU-SUD – Le tocsin des églises a résonné, samedi soir dernier, dans une quinzaine de municipalités de la Côte-du-Sud. Le but n’était pas de sonner l’alarme, mais de rendre hommage à ceux et surtout à celles qui ont répondu à son appel, en 1759, lorsque les troupes du général Wolfe ont envahi les rives pour y brûler les bâtiments.
En 1759, pendant que l’armée britannique assiège Québec, le général Wolfe décide de détruire par le feu tous les villages des deux rives du Saint-Laurent. Les Anglais ont brûlé à peu près toutes les fermes entre Kamouraska et Montmagny.
Le 12 septembre, veille du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham, des feux ont été allumés afin de rendre hommage aux femmes qui, courageusement, cet été-là, ont dû fuir avec enfants et vieillards, puis lutter pour reconstruire et survivre pendant que la plupart des hommes se dirigeaient vers Québec pour combattre l’envahisseur anglais.
Ruines et cendres
Ces femmes ont gagné la forêt de l’arrière-pays, n’emportant avec elles qu’un peu de nourriture pour les enfants et les vieillards qui les accompagnaient. « Peut-on imaginer le désespoir de ces femmes, qui, après deux ou trois mois dans la forêt, ne retrouvent, au retour, que ruines et cendres? », se demande Gilbert Gosselin, administrateur de la Société d’histoire de Sainte-Foy.
Avec très peu de moyens, elles érigent des abris temporaires, récoltent ce qui reste du jardin potager ou du champ de blé en espérant le retour du père de famille. « La moitié d’entre elles ont perdu leur compagnon à la guerre », ajoute Alain Raby, instigateur de cette commémoration pour Saint-Jean-Port-Joli.
La chorale du Centre-Femmes La Jardilec a interprété la chanson d’Anne Sylvestre,
« Une sorcière comme les autres. »
Photos: Maurice Gagnon
Lecture de textes
Dans cette municipalité, quelque 80 personnes se sont réunies auprès du bûcher pour assister à la lecture de textes avec l’étroite collaboration du Centre-Femmes La Jardilec, dont la chorale a interprété la chanson de Anne Sylvestre, « Une sorcière comme les autres. »
Pour M. Raby, il ne faut pas déchirer cette page d’histoire sous prétexte qu’elle constitue un mauvais souvenir. Le monument Vigilance, devant l’édifice municipal de Saint-Jean-Port-Joli, est là pour le rappeler.
Se souvenir
Membre du comité organisateur de La mémoire des feux, Denis Bouchard de la Société d’histoire de Sainte-Foy s’est dit emballé de la façon dont l’événement a été organisé à Saint-Jean-Port-Joli.
Le comité des héroïnes, composé de M. Raby, Claudia Laverdière et Madeleine Barbeau, songe à présenter un autre événement l’an prochain. « Nous aimerions dévoiler le nom de ces femmes héroïnes par une recherche généalogique », a lancé Alain Raby. Cette idée plaît beaucoup à M. Bouchard.
L’histoire de la Conquête sur la Côte-du-Sud, ajoute M. Raby, mériterait d’être commémorée par le théâtre, le cinéma ou l’opéra.
Pour lire deux des textes lus lors de la soirée, cliquez sur les liens ci-dessous.
« Peuple conquis »
« Une sorcière comme les autres »
