MONT-CARMEL – Théo a un emploi bien particulier, il traque le gibier blessé en période de chasse. Grâce à son odorat très développé, il peut retrouver un chevreuil, un orignal ou un ours sur quelques kilomètres. Théo est un chien de sang.
En arrivant chez Alain Ridel, à Mont-Carmel, le gros chien attendu s’avère en fait un touffu petit teckel tout heureux de voir arriver un visiteur. Théo a 18 mois. M. Ridel l’a acheté en Europe.
« Le teckel à poil dur fait partie d’une lignée développée pour la chasse, c’est inné en lui », raconte M. Ridel. Même si un entraînement régulier est nécessaire, l’animal n’a pas à être dressé, dit-il.
Théo a participé à sa première traque à 7 mois sur une distance de quatre kilomètres, aux trousses d’une femelle orignal. Un chien de sang peut retrouver un animal blessé sur plusieurs kilomètres et même après 24 ou 48 heures.
Cas compliqués
« J’arrive toujours sur des cas compliqués », dit M. Ridel. Les chasseurs ont souvent tenté de retrouver l’animal blessé par eux-mêmes avant de faire appel aux services de son chien. De plus, les conditions climatiques sont parfois difficiles.
Il est donc possible, que même à l’aide d’un chien de sang, on ne parvienne pas à localiser l’animal blessé. « Différents facteurs peuvent entrer en ligne de compte », explique M. Ridel. Une mauvaise localisation du lieu de l’impact peut être l’un de ces facteurs. Il se peut aussi que la blessure subie par l’animal ne soit pas mortelle, ajoute-t-il.
Théo a fait ses débuts l’an dernier, en compagnie de son maître Alain Ridel
Un bon score
L’an dernier, malgré son jeune âge, Théo a participé à 11 recherches. Il a retrouvé sept bêtes. « Chaque cas est différent », ajoute Alain Ridel.
Même si l’on parle de chien de sang, la présence de sang n’est pas indispensable pour lancer la recherche. Tout se joue au point d’impact, là où le gibier a été touché.
Selon Alain Ridel, les animaux, comme les humains, dégagent une hormone différente lorsqu’ils sont blessés. C’est cette odeur que le chien repère et qu’il suit. L’entraînement sert surtout pour éviter que le chien se laisse distraire par une autre piste.
Comme le teckel est un chien bas sur patte. Son museau est toujours près du sol, ce qui facilite son travail.
Cheptel
Selon Alain Ridel, il est important, lorsqu’un chasseur blesse un animal, qu’il tente de le retrouver. Cela, dit-il, a un impact sur le cheptel. « De 10 % à 15 % des animaux blessés ne sont jamais retrouvés et la plupart vont mourir de toute façon », dit-il.
Entre La Pocatière et Rivière-du-Loup, environ 500 orignaux sont tués chaque année durant la période de chasse, selon M. Ridel. Or, dit-il, de 50 à 75 élans de plus meurent après avoir été blessés.
Naturaliste de profession, Alain Ridel est un passionné des chiens. Né en Afrique, il a vécu en France. Il vit au pays depuis 43 ans. Propriétaires d’une résidence à Mont-Carmel depuis une vingtaine d’années, son épouse et lui ont quitté Québec, il y a deux ans pour s’établir dans cette maison.
ACCSQ
M. Ridel fait partie de l’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec (ACCSQ), dont on peut visiter le site Internet à l’adresse : www.accsq.com. On dénombre 25 conducteurs dans la province.
Les chasseurs de Kamouraska-L’Islet qui aimeraient obtenir les services de M. Ridel et de Théo, pour retrouver un animal, peuvent le joindre aux 418 498-3288 ou 418 551-1164. Alain Ridel dit être le seul entre Québec et Rimouski à offrir ce service.
Il invite aussi les personnes qui aimeraient entraîner leur chien pour devenir chien de sang à communiquer avec lui. « Il n’est pas nécessaire de posséder un teckel, un autre chien, un labrador, par exemple, pourrait aussi faire l’affaire », précise Alain Ridel.