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Le Vignoble du Faubourg : les saveurs de la terreeliane_vincent20150716

SAINT-JEAN-PORT-JOLI – Jeunes retraités, Sébastien Vaillancourt et Sylvie Gauvin ont acheté une terre en friche à Saint-Jean-Port-Joli en 1999. Sans financement extérieur, à force de passion, de patience et de savoir-faire, ils en ont tiré le meilleur et l’ont mis en bouteilles.

Dès la première année, le couple a planté 2500 plants provenant de six cépages différents. Il fallait faire des tests, découvrir le meilleur raisin pour s’adapter au terroir. Dès 2000, ils sont passés à 10 000 plants d’une dizaine de cépages, puis 6000 de plus en 2001. En 2010, un champignon attaque la vigne. « Comme on refuse à appliquer des produits chimiques dans nos champs, il a fallu se résoudre à arracher 6000 plants », explique M. Vaillancourt.

Le couple est conscient de l’impact des arrosages de pesticides sur la qualité du vin. Si le vignoble n’est pas certifié bio, la régie de culture est rigoureusement écologique. Évoquant les nouvelles diffusées dans les médias récemment, Sébastien Vaillancourt est fier d’affirmer qu’« il n’y a aucun risque de trouver du cyanure dans nos vins! »

Aujourd’hui, le Vignoble du Faubourg compte 5,5 hectares en culture pour 18 000 plants. Depuis la première cuvée de vin blanc en 2004, on y a développé cinq variétés de vin, rouge, blanc, rosé et deux vins fortifiés de type porto, qui portent la production à environ 8000 bouteilles, selon les années. Les vignerons comptent y ajouter bientôt un rosé pétillant qui en est au stade de l’élaboration.

Partager la passion

Il est à peu près impossible pour un modeste vignoble comme le leur de se tailler une place à la Société des alcools. On doit donc développer des stratégies de mise en marché locales et régionales qui demandent beaucoup d’énergie. La clientèle du Vignoble du Faubourg est composée à 95% de touristes, qui viennent chercher une expérience globale. Souvent, ils ont suivi un circuit informel et passent de vignoble en vignoble sur la route des vacances. On leur offre des dégustations et une visite guidée des champs et de l’usine.

À la fin de la saison, le couple organise une fête des vendanges à l’européenne, qui attire environ 80 participants et dure toute une fin de semaine. On arrive tôt le matin, on cueille le raisin et on partage un repas composé de produits locaux avec les visiteurs. « C’est beaucoup de travail pour nous, note Sylvie Gauvin, mais ce sont nos clients qui réclament de participer aux vendanges. Ils viennent d’aussi loin que Mont-Laurier pour vivre cette expérience. » La formule offre l’avantage de fidéliser la clientèle. « Les gens sont heureux de partager la vie des vignerons et ils apprécient encore plus le vin après avoir participé à la récolte », se réjouit la propriétaire.

En septembre 2014, le Vignoble du Faubourg a été l’hôte du banquet de clôture de l’événement Septembre en saveurs. « C’était une vraie fête du terroir, rappelle Sébastien Vaillancourt. Tout venait de la région, le bison, le chevreau, les fromages et le vin bien sûr! »

Les défis de l’avenir

Les défis sont nombreux pour une petite exploitation vinicole. Outre la culture de la vigne qui requiert un savoir-faire toujours en évolution, il faut aussi accepter de vivre modestement. « Le vignoble est autosuffisant et nous arrivons à assurer un petit revenu à notre fille qui s’est associée à l’entreprise, mais nous ne prenons aucun salaire. » Les règles de mise en marché de la SAQ sont un frein important au développement du vignoble.

Il faut donc travailler très fort pour développer le marché local. On peut déjà trouver les vins du Faubourg dans plusieurs restaurants et auberges de la région, mais les préjugés sont encore tenaces envers les vins du Québec. « La reconnaissance vient encore de l’extérieur, où notre réputation ne cesse de grandir, souligne Sébastien Vaillancourt. On travaille fort pour que ça rayonne jusqu’ici bientôt! »