Deux fois l’an, la Côte-du-Sud attire des milliers d’oiseaux migrateurs et de sauvagines qui s’arrêtent en bordure des rives du Saint-Laurent et dans les îles. C’est alors un spectacle magnifique.
De nombreuses racines, celles du scirpe d’Amérique entre autres, permettent, en particulier aux oies, de reprendre des forces. Au cours du XIXe siècle, la présence de cette avifaune a surtout attiré les chasseurs sportifs. Mais elle a aussi permis à certains professeurs et passionnés de sciences naturelles de faire de nombreuses observations.
Francophile, historien et polygraphe, James MacPherson Lemoine (1825-1912) développa très tôt une passion pour les oiseaux. Bien que résident de Québec, Lemoine passe de nombreux étés à l’île aux Grues et à Montmagny. Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs textes sur les oiseaux, publiés notamment dans Le Journal de l’Instruction publique.
Vulgarisateur hors pair, il utilise la nomenclature de l’ornithologue américain Spencer Fullerton Baird pour rédiger deux petits volumes l’Ornithologie du Canada, publiés en 1861, et dédicacés à Étienne-Paschal Taché. Mentionnons que Taché est le premier député à promouvoir, en 1846, la protection du gibier ailé dans le comté de L’Islet.
Charles-Eusèbe Dionne, lui, est probablement le premier ornithologue francophone du Québec (1845-1925). Natif de Saint-Denis-de-Kamouraska (De La Bouteillerie), il s’initie à l’ornithologie dans sa région.
Conservateur du musée de zoologie de l’Université Laval, il se spécialise dans l’étude des oiseaux du Québec. Avec le soutien du célèbre ornithologue américain Eliott Coues, il publie Les oiseaux du Canada, un petit livre qui sera supplanté en 1906, par la publication d’une œuvre plus achevée : Les oiseaux de la province de Québec.
Pour réaliser cet ouvrage, Dionne parcourt presque toutes les anses de la Côte-du-Sud pour y débusquer des oiseaux. On lui doit la première mention sur le territoire en 1877 du bruant à queue aiguë, un oiseau nichant dans les marais de Saint-Denis-De La Bouteillerie.
Par ailleurs, on doit au professeur du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière René Tanguay de nombreux textes sur les oiseaux qu’il observe dans la région. Il est à l’origine de la création, en 1929, d’un important musée d’histoire naturelle au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et de celle d’une remarquable collection de 1500 spécimens d’oiseaux naturalisés. La Côte-du-Sud serait-elle le berceau de l’ornithologie au Québec? Difficile d’en douter.