LA POCATIÈRE — Les producteurs laitiers et fromagers sont inquiets depuis que le Canada a conclu en octobre dernier un accord de principe avec l’Europe permettant l’entrée au pays de 17 700 tonnes de fromage par année, dont 16 000 tonnes de fromages fins. Cette entente s’inscrit dans le cadre de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne.
Propriétaire de la fromagerie Le Mouton blanc, qui produit entre autres La tomme du Kamouraska, Pascal-André Bisson explique que ces fromages européens ne sont pas soumis aux mêmes règles de contrôle sanitaire que ceux produits au pays. « On ne lutte pas à armes égales », dit-il.
D’autre part, ajoute le député néo-démocrate, François Lapointe, dont le parti déposera une motion au Parlement fédéral, les fromages européens sont subventionnés contrairement à ceux d’ici. Ils se retrouveront donc massivement sur les tablettes des supermarchés canadiens et québécois à meilleur prix que ceux produits par les fromagers locaux.
Une situation qui pourrait mettre en cause la survie d’entreprises fromagères comme Le Mouton blanc. François Lapointe donne aussi l’exemple d’un fromage comme Le Riopelle, produit à L’Isle-aux-Grues. La disparition de la fromagerie affecterait l’ensemble des producteurs laitiers sur l’ile qui l’alimente.
Le Québec risque d’être encore plus touché que les autres provinces puisque 60 % des fromages fins canadiens y sont consommés, selon Pascal-André Bisson.
Monsieur Bisson n’a rien contre le fait que des fromages européens soient vendus au pays. Ce qu’il réclame, c’est que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Or, avec cet accord, dit-il, « c’est deux poids deux mesures. »
Promesse aux producteurs
Selon M. Bisson et le député Lapointe, 48 heures avant l’entente de principe, le gouvernement Harper avait promis aux producteurs laitiers qu’il n’y aurait aucun problème pour eux. « Le gouvernement tarde à révéler de quelle façon il aidera nos producteurs à développer de nouveaux marchés, et comment sera maintenue la valeur des quotas laitiers », écrit le député Lapointe dans une circulaire destinée à la population du comté.
Accompagnée d’une carte réponse, cette circulaire demande aux citoyens d’appuyer la motion de sa collègue Ruth Ellen Brosseau, députée de Berthier-Maskinongé, qui invite notamment le gouvernement à « respecter sa promesse faite aux producteurs laitiers et à l’industrie fromagère du Québec et du Canada qui seront affectés par cet accord économique. »
La motion demande au gouvernement de révéler sans délai « les détails liés aux compensations financières qui seront versées », de prévoir « une période d’implantation de l’Accord la plus longue possible », de « mettre fin au contournement des contingents tarifaires et aux mauvais classements des produits à la frontière », d’imposer « les mêmes exigences de production et de transformation pour les produits qui seront importés » et, enfin, de s’engager « à fournir un soutien à la commercialisation. »
Monsieur Lapointe souhaite que cette motion soit adaptée par la Chambre des communes considérant les dangers qui planent sur l’industrie laitière et celle des fromages.

