Le 21 mai 1929, la famille Lizotte fait une découverte exceptionnelle dans une pêche qu’elle possède à Rivière-Ouelle. Elle y trouve plus d’une centaine de bélugas. On peut imaginer la surprise. À cette époque, la pêche saisonnière pouvait atteindre un peu plus de 180 individus.
De nombreux curieux et quelques photographes viennent constater l’ampleur de cette pêche. Le ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries Hector Laferté (1885-1971) en profite pour se faire photographier en compagnie de Wilfrid Lebon (1877-1955) du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, et de Joseph Lizotte. De passage au Canada pour un reportage sur le Québec et le fleuve Saint-Laurent, le journaliste et photographe de la revue National Geographic Vincent Clarence Scott O’Connor en profite pour immortaliser l’événement. L’une de ces photographies fera le tour du monde dans l’édition du 1er février 1935 de cette revue.
Un commerce d’envergure
La pêche au béluga, communément appelé marsouin blanc, est une pratique très ancienne à Rivière-Ouelle et dans les îles de Kamouraska. Sous le Régime français, sa peau et l’huile que l’on en tire sont très recherchées et vendues au marché de Québec.
Entre 1700 et 1730, la pointe nord-est de l’embouchure de la rivière Ouelle devient le principal centre d’exploitation de cette pêche. On y installe des perches et des filets entre la grève et les îles de Kamouraska pour délimiter une zone de capture. Lorsque la marée descend, les bélugas sont emprisonnés. Durant ces trois décennies, la pêche aux bélugas constitue un monopole exercé par les marchands Charles Denys de Vitré, François Hazeur et Pierre Peire. Ils ne tarderont pas à faire l’objet de plaintes provenant des habitants de Rivière-Ouelle qui chercheront à utiliser leurs droits de pêche aux bélugas.
La pêche aux bélugas est une pratique ancienne le long de l’estuaire du Saint-Laurent. Aujourd’hui, ce mammifère marin est considéré comme une espèce en péril et protégée. On compte quelque 800 individus.