Une nouvelle enquête de Francis Pagliaroeliane_vincent20140830

L’auteur de Québec Richard Ste-Marie publie une troisième enquête du sergent-détective Francis Pagliaro. Repentirs a paru en librairie le 27 août et Le Placoteux a interviewé le romancier.

Richard Ste-Marie est né à Québec en 1945. Il a enseigné durant 30 ans à l’École des arts visuels de l’Université Laval, tout en poursuivant une carrière en arts visuels. Ses œuvres ont été présentées dans plus de 70 expositions.

Au début de sa carrière, il a aussi connu une longue période musicale qui a culminé avec la formation de la Fanfafonie, une troupe d’animateurs-musiciens dans laquelle il joue du saxophone. En 1984, la Fanfafonie a été à l’origine d’un projet pour les fêtes du 350e anniversaire de la ville de Québec, projet qui a évolué pour devenir le Cirque du Soleil.

Le policier

On a fait la connaissance de Francis Pagliaro dans Le ménage rouge, paru pour la première fois en 2008 chez Stanké et réédité en 2013 chez Alire. Cette version entièrement remaniée a transformé en polar ce qui était à l’origine un suspense psychologique. On retrouve Pagliaro dans L’inaveu, paru en 2013. Le policier y confirme sa personnalité atypique : c’est un gentleman, un homme de raison qui étudie la philosophie et qui est profondément amoureux de sa femme, laquelle le lui rend bien. Chez lui, pas d’excès d’alcool ou de drogue, pas de violence, pas de problèmes avec ses supérieurs hiérarchiques.

L’auteur en parle avec affection : « C’est par son intelligence et sa sensibilité, pour ne pas dire sa compassion, que Pagliaro amène les criminels à lui faire des aveux, sans promesse ni menace. » Doit-on y voir un peu de la personnalité de son créateur? « C’est difficile de ne pas se projeter dans ses personnages, bons ou méchants. Mon policier, je l’aime beaucoup. Il a mes goûts; l’empathie et l’écoute qu’il manifeste sont peut-être aussi un reflet de ma personnalité. Il faut dire que j’ai longtemps rêvé d’être psychiatre, peut-être que je réalise un peu ce rêve avec Pagliaro. »

L’intrigue

Dans Repentirs, Richard Ste-Marie met en scène son propre univers d’artiste multidisciplinaire. Les victimes sont un galeriste véreux de Montréal, Fabien « Gaby » Lessard, et Frédéric Fortier, lieutenant du SPVM, retrouvés assassinés dans la galerie Arts Visuels Actuels. L’arme du crime est une dague somptueuse, œuvre d’une joaillière tout à fait réelle, l’artiste Chantal Gilbert, de Québec.

On fait appel à la Sûreté du Québec et à Francis Pagliaro pour mener une enquête qui révélera de bien sombres aspects du milieu des arts visuels. Entre fraude et contrefaçon, celle-ci mènera l’enquêteur de Montréal à Québec, pour remonter finalement jusqu’à Lac-Frontière, petite municipalité située à 75 km au sud de Montmagny.

Ste-Marie comptait utiliser dans son roman l’anecdote d’un bébé mort gelé, qui s’est réellement produite dans un village voisin. « J’ai trouvé le nom de Lac-Frontière en consultant une carte de la région. Je n’y suis jamais allé, mais le nom est très évocateur et s’inscrit magnifiquement dans la trame narrative de Repentirs », souligne l’auteur. L’anecdote est restée, mais le cadre a changé, prérogative d’auteur.

Au fil du récit, le roman mène le lecteur vers les secrets douloureux de l’âme humaine. De nombreux flashbacks nous montrent un petit garçon qui trouve dans l’art un exutoire à son univers familial trop dur. Richard Ste-Marie a voulu montrer la douleur et la folie qui enferment peu à peu l’individu dans une espèce de prison intérieure : « J’ai donné au garçon de nombreuses caractéristiques qui auraient pu faire de lui un tueur en série », affirme-t-il. Et pourtant…

Entre des analyses très fines de la démarche artistique et l’enquête policière, Richard Ste-Marie sonde la personnalité de ses personnages avec beaucoup de précision. « J’accorde un soin immense à la réécriture de mes textes, pour que le ton soit toujours juste, explique l’auteur. Quand j’ai fini, je repasse chaque personnage, pour m’assurer qu’ils soient fidèles à leur personnalité, jusque dans le niveau de langue utilisé pour chacun. » Selon lui, il en va de la cohérence du roman et de l’intérêt du lecteur.

À la lueur chaude de sa lampe banquier à l’abat-jour jaune, Francis Pagliaro remontera la trame de l’histoire jusqu’au dénouement de l’enquête, surprenant mais logique. La fin du roman résoudra aussi une intrigue connexe qui pourrait bien faire perler une larme à l’œil du lecteur, mais chut, il faut lire…