L’agriculture possède plusieurs spécificités entre autres relatives à la géographie ou encore à l’instabilité des marchés. Elle nécessite donc un soutien de l’état. Tour à tour, les gouvernements ont adopté des mesures afin de soutenir ce secteur économique. Certaines politiques ont donc été mises en place afin de soutenir l’agriculture et son caractère familial tandis que d’autres, dans un contexte de mondialisation, ont plutôt visé le développement d’entreprises de grande taille. De plus, dans le contexte actuel de libéralisation des marchés agricoles et de restriction des budgets gouvernementaux, les mesures politiques sont appelées à être révisées. La conservation de l’agriculture familiale est un enjeu important du monde agricole, ce concept est donc au cœur des préoccupations.
L’agriculture familiale peut avoir de nombreuses et différentes définitions, par contre, celle que nous préconisons est la suivante : « forme d’organisation de la production agricole caractérisée par des liens organiques entre la famille et l’unité de production » (Source : Office fédéral de l’agriculture). Dans les faits, l’agriculture québécoise est le mode de vie de 30 000 familles et le métier de 43 000 hommes et femmes. (St-Pierre, Michel, MAPAQ, « Une nouvelle génération de programmes de soutien financier à l’agriculture », 2009) .
Un des piliers importants de l’agriculture québécoise est la gestion de l’offre. Cette mesure de soutien comporte trois objectifs importants tels que d’ajuster la production agricole dans le but d’obtenir un prix sur le marché permettant de maintenir ou d’augmenter les revenus des producteurs d’une denrée. Par la suite, la gestion de l’offre assure, par le biais de ce niveau de prix, une rémunération adéquate des ressources productrices ce qui comprend aussi les ressources en capital et travail. Finalement, les revenus provenant de la vente des produits agricoles contingentés sont stables dans le temps. Bien entendu, ces objectifs s’appliquent autant à une ferme dite plus commerciale qu’à une entreprise agricole familiale. Il faut soulever que les négociations sur la libération du commerce international en agriculture sont de plus en plus fortes. De plus, les entreprises agricoles de grande envergure ou désirant grossir sont limitées puisque le quota est très difficile à acquérir. Le contingentement provoque alors un blocage des structures de production. Par contre, d’un autre angle, avec le système de gestion de l’offre, les plus petites entreprises dites familiales peuvent vivre de l’agriculture puisque ce système garantit une stabilité de prix et un prix relativement élevé. Ce programme représente une vision protectionniste de l’agriculture. La préservation des entreprises de type familiale est un des motifs d’intervention du gouvernement. Dans le secteur laitier, le fait que le prix du lait soit en fonction des coûts de production est aussi mitigé selon certains angles puisque « les coûts de production de la ferme dite “médiane” ne reflètent pas la réalité puisque la moitié des producteurs les plus gros ont livré plus de 2/3 du lait en 2004. »( Source: Petkantchin V. (2006). Réforme de la gestion de l’offre laitière au Canada : l’exemple australien. Institut économique de Montréal, janvier 2006, 4 p.) Cette mesure a pour effet de protéger les producteurs moins efficaces et rendre l’industrie moins compétitive. En ce qui concerne les entreprises familiales, étant de plus petite taille, elles pourraient être favorisées puisque leurs coûts de production pouvant être plus élevés sont garantis par le prix du lait. Un autre fait important est que les revenus hors fermes représentent 72 % des revenus totaux d’une famille agricole, alors , même avec un prix du lait supérieur et stable dans le temps, les propriétaires ou conjoints/conjointes doivent avoir un emploi à l’extérieur pour vivre.
En terminant, il est important de voir tous les aspects autant positifs que négatifs, mais il est certain qu’en libéralisant les marchés et en abolissant la gestion de l’offre certaines entreprises peu efficaces pourraient en souffrir. Les petites entreprises familiales ne bénéficiant pas des économies d’échelle pourraient être plus touchées. « Nos coûts de production sont plus élevés, nos fermes sont 20 fois plus petites que celles des États-Unis et de l’Europe. Faudrait se redonner du muscle très rapidement, envoyer un signal 20 ans à l’avance avant de faire sauter la gestion de l’offre. Sinon, ce serait catastrophique, affirme Michel St-Pierre ex-sous-ministre de l’agriculture » (Source : Proulx Denise, (Mars 2014), « Une réforme de la gestion de l’offre dans le lait ? » TVA nouvelles, [En ligne]. (Page consultée le 19 novembre 2014)
NDLR – Article de vulgarisation écrit par Annick Michaud et Pier-Olivier Lehoux, étudiants en Agroéconomie à l’Université Laval , dans le cadre du cours de Politiques Agricoles. Annick Michaud est originaire de Saint-Philippe-de-Néri.