MONTMAGNY – La Société d’histoire de Montmagny tenait, le samedi 22 novembre, son souper annuel qui, en cette année du centenaire de la Première Guerre mondiale, avait pour thème « Montmagny et la Guerre 1914-1918 ». Environ 125 convives ont entendu la conférence du trésorier de la Société, M. Marc Couillard. On a aussi honoré la mémoire du soldat Émile Labbé, l’un des Magnymontois ayant participé à ce terrible conflit mondial. Rapatrié, il est décédé le 28 août 1918, en Ontario et y a été inhumé.
Cette guerre a été particulièrement monstrueuse. Une atroce guerre de tranchées. Qualifiée par plusieurs de « boucherie ». Elle dura quatre longues années, alors qu’on pensait qu’elle se terminerait au bout de quelques semaines.
« Environ 80 millions de personnes sont plongées dans cette guerre, qui a fait neuf millions de morts et 20 millions de blessés. Des régions d’Europe sont entièrement ravagées », rappelle M. Couillard.
L’élément déclencheur du conflit a été l’assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, de l’archiduc héritier de la couronne d’Autriche, François-Ferdinand et de son épouse, par un étudiant bosniaque nationaliste. Il faut dire que la Bosnie avait été annexée à l’Autriche en octobre 1908.
À la suite de cela, le 1er août, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le lendemain, devant la menace, la France ordonne la mobilisation générale. Puis les Allemands attaquent la Belgique et le Luxembourg. Le 4 août, pour défendre les pays amis contre les Allemands, l’Angleterre qui est une alliée de la Russie avec la France, déclare la guerre à l’Allemagne. « Le Canada fait partie de l’Empire britannique », de rappeler Marc Couillard. Le voilà en guerre. Celle-ci se terminera le 11 novembre 1918 (armistice) avec la capitulation de l’Allemagne.
Montmagny
Ici, à Montmagny de mentionner le conférencier, le journal Le Peuple parle particulièrement du conflit. Chaque semaine, il rapporte les événements internationaux, nationaux et locaux.
À partir du moment où le Canada entre en guerre, on fait appel aux volontaires, entre 1914 et 1917. « Une façon de recruter, mentionne M. Couillard, c’était de faire passer le message par les curés, à l’église, lors des prônes. »
L’on fait également venir à Montmagny des personnages connus et influents, comme Sir William Price commandant du 171e bataillon, qui tient une conférence en février 1916, avec un lieutenant-colonel et un Français, au théâtre de l’Hôtel-de-Ville, pratiquement rempli.
Le 24 juillet 1917, pour maximiser l’effort de guerre, « le gouvernement canadien de Robert Borden fait adopter la loi sur le service militaire obligatoire [conscription] ». Avec les 300 000 Canadiens déjà enrôlés; en janvier 1918, 125 000 seront mobilisés.
La loi vise les hommes célibataires de 20 à 34 ans. De ce nombre, 25 000 sont envoyés au front, est-il mentionné dans les documents de M. Couillard. L’on ne trouve cependant pas le nombre total de Magnymontois qui sont partis pour cette guerre, mais au moins 13 d’entre eux sont morts.
Un scandale
À cette époque on pouvait se faire exempter d’aller à la guerre pour diverses raisons, dont, bien entendu, la santé, le travail – les agriculteurs étaient exemptés –, le commerce, et même les dogmes de sa foi.
Dans sa conférence, M. Couillard, mentionne le cas de quelques personnes qui avaient fabriqué de faux certificats d’exemption pour lesquelles ils faisaient payer de 1 500 $ à 2 000 $, une somme colossale pour l’époque.
Ainsi, le journal Le Peuple parle abondamment de ce scandale. Le notaire Georges W. Pion est assigné à procès en avril 1919 et est condamné à la prison.
Vue du complexe des usines dans le secteur ouest de la gare de Montmagny, vers 1915. La seule usine rappelant cette époque est celle de la ConsolTex, sur la 4e rue
Les usines de guerre
Entre autres, Les usines générales de chars et de machinerie Limitée, communément appelées « usines de guerre » se mettent à fabriquer des obus en 1915. Le fait qu’on y travaille le fer, l’acier et qu’on y utilise le procédé Bessemer pour la coulée de fonte, en plus de la proximité du chemin de fer, permet à Montmagny de devenir un centre névralgique de fabrication de munitions.
L’on construit également une énorme centrale d’énergie pour produire de l’électricité. Une gare de triage de deux milles de long est aménagée.
Les installations sont immenses. Pas moins de 1 000 travailleurs y besognent. Ils fabriqueront quelque 25 000 obus. Le « quartier industriel » se développe. Malheureusement, en 1916, un violent incendie détruit les deux usines, n’épargnant que la fonderie. De nouvelles usines ouvrent leurs portes. Mais à la fin de la guerre, la production doit être réorientée, si bien que dans ce sillage la compagnie Machinerie agricole nationale fait faillite en 1922. « À la suite de cette fermeture, mentionne Maurice Rousseau, plus de 2 000 personnes quittent Montmagny. »
Bien que sur le cénotaphe de la Ville se trouve le nom de 13 soldats morts durant cette guerre, il est toutefois possible que des noms soient manquants. La Société d’histoire invite donc les gens qui auraient des informations à ce sujet à la contacter au 418 248-5660.