Le public avait rendez-vous mardi soir dernier à la bibliothèque municipale de Montmagny pour la dernière présentation du résultat des recherches sur le patrimoine immatériel magnymontois. Pas moins de 45 personnes ont répondu à l’appel et ont pu visionner les vidéos mettant en vedette des joueurs et des fabricants d’accordéons, le clou de la soirée ayant été le concert improvisé et la présence d’un centenaire.
Les applaudissements nourris après les projections et, surtout, après le spectacle improvisé par les joueurs d’accordéon et porteurs de tradition, Mario Boucher, Raynald Ouellet, Roger Gendron (90 ans) et Bruno, son fils, qui accompagnait le groupe à la guitare, témoignaient de l’enthousiasme et de la satisfaction du public.
On a aussi rendu un hommage particulier à M. Antoine Leblanc, Acadien néo-brunswickois d’origine et Magnymontois, maintenant domicilié à Saint-Eugène. M. Leblanc, qui vient de fêter ses 102 ans, est un joueur de musique à bouche et aussi grand amateur d’accordéon diatonique, de musique et de bals traditionnels. Pour l’occasion, il était en compagnie de sa nièce Johanne Bernier, conjointe de l’accordéoniste Mario Boucher. « J’ai même sacrifié ma soirée de hockey pour venir ici », de dire tout sourire, le vénérable centenaire, partisan du Canadien de Montréal depuis toujours. « C’était très bon », a-t-il ajouté.
Femmes et relève
Chose remarquable, c’est que plusieurs des accordéonistes ayant témoigné ont mentionné avoir été initiés par leur mère ou une sœur. Or, jadis, les femmes étaient plutôt rares dans le milieu de l’accordéon. « Peut-être à cause de la religion », de mentionner Raynald Ouellet.
En ce qui concerne la relève, celui-ci affirme dans la vidéo : « Dans toutes les régions du Québec, il y a de bons jeunes musiciens à l’accordéon. Des garçons et également des filles. Je suis pas mal certain que ça ne mourra jamais. Et on va toujours être fiers de notre tradition ».
Dans les courts-métrages se trouvent aussi Alexandre Caron, un jeune virtuose magnymontois et Carol Gaudreau, autre musicien bien connu dans le milieu. Dans la documentation, il est aussi question du grand maître compositeur et facteur d’accordéons Marcel Messervier, bien sûr, mais il n’a pas donné d’entrevue.
Fabricants
En plus des accordéonistes, deux fabricants d’accordéons interviewés lors de la recherche, Sylvain Vézina et sa fille Vicky, étaient de la soirée. Sur la vidéo présentant la fabrication d’accordéon figure aussi Ulric Lacombe, également musicien.
Cette présentation fait suite au travail mené par l’ethnologue Suzanne Marchand, dans le cadre de la recherche portant sur l’identification et la mise en valeur du patrimoine immatériel magnymontois.
Racines profondes
« L’accordéon diatonique fait partie de l’univers des résidents de Montmagny depuis au moins un siècle. Utilisé surtout pour accompagner la danse ce petit instrument, muni d’un soufflet et d’un clavier comportant dix touches, a longtemps fait partie des fêtes familiales et des réjouissances populaires », peut-on lire dans le texte du site internet du ministère de la Culture qui présente la recherche. C’est aussi ce que nous a rappelé l’ethnologue Suzanne Marchand, dressant un bref historique.
L’on apprend, entre autres, que l’accordéon « inventé en 1829 par l’Autrichien Cyril Demian » fit rapidement son apparition au Québec. « Dès 1850, mentionne-t-on, on retrouvait des accordéons diatoniques importés d’Europe sur le marché québécois, mais c’est surtout à partir de 1890 que cet instrument devient populaire tout particulièrement dans certaines régions bordant le fleuve Saint-Laurent, dont la région de Montmagny. »
Pour de plus amples informations, on peut consulter le site du ministère de la Culture au www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca, en choisissant dans le menu du répertoire l’item « patrimoine immatériel ». Les vidéos des porteurs de tradition sont aussi accessibles sur le site de la Ville de Montmagny au www.montmagny.ca, en cliquant sur l’onglet « Touristes », puis sur « Patrimoine immatériel ».
