Isabelle Dubé, dix ans déjà

CAP-SAINT-IGNACE – Cela fera dix ans le 5 juin 2015 que la jeune sportive et enseignante, skieuse de fond et spécialiste du vélo de montagne de haut niveau originaire de Cap-Saint-Ignace, Isabelle Dubé, perdait la vie dans les montagnes rocheuses à Canmore en Alberta, attaquée par un ours grizzly. Elle allait avoir 36 ans en novembre.

Le père de la jeune agronome et mère d’une fillette de 5 ans, Lucien, qui avait été discret depuis toutes ces années a choisi de se confier dernièrement, se sentant maintenant en paix avec les circonstances entourant cet événement.

« Pleins de circonstances se sont rencontrées et ont fait en sorte que cette tragédie est arrivée », de dire M. Dubé, en entrevue dans le véhicule qui nous menait vers le Club sportif des Appalaches, endroit où l’on a honoré sa fille. 

Le drame

Dans la semaine précédent l’événement, l’ours grizzly avait été relocalisé par les agents de la faune, pour l’éloigner de Canmore, puisque cela devenait dangereux pour les humains. Quelques jours avant et le jour même de la tragédie, l’ours s’était fait harceler par plusieurs personnes. 

M. Dubé arrive difficilement à comprendre pourquoi les autorités ne sont pas intervenues à nouveau pour déplacer la bête qui avait été localisée plusieurs fois auparavant ce qui indiquait, de toute évidence, que l’ours revenait d’où on l’avait délogé.

« J’ai pensé que des gens n’avaient pas fait ce qu’ils auraient dû faire, de dire le père, mais je ne voulais pas garder de rancœur. Aujourd’hui je suis en paix avec cela », de dire le père.

Alors qu’elle courait dans la forêt sur la Upper Benchlands Trail, dans les environs de Canmore, à l’ouest de Calgary, en compagnie de deux de ses collègues (Maria Hawkins et Jean McAllister), l’ours grizzly les a attaqués, vers deux heures de l’après-midi. 

Isabelle a grimpé dans un arbre, alors que ses amis se sauvaient pour aller chercher de l’aide. Environ dix minutes plus tard, Maria Hawkins, sortie du bois, demanda à des golfeurs d’appeler les secours avec leur cellulaire. 

L’animal s’attaqua à Isabelle. Étonnamment, l’ours mâle de 90 kilos grimpa à l’arbre, la délogea pour ensuite s’en prendre à elle. Les secours arrivèrent quelque trois quarts d’heure plus tard. L’ours fut abattu, mais il était trop tard. Elle a succombé à ses blessures. La casquette d’Isabelle a été retrouvée dans l’arbre, à plus de 20 mètres de hauteur.

Forêt d’Isabelle

En mémoire d’Isabelle, son frère Félix-Antoine a récemment travaillé d’arrache-pied avec des employés de l’entreprise familiale de culture de tomates, à l’aménagement d’une forêt commémorative (photo de la Une) de 13 000 arbres de diverses essences qui ont été plantés; « 1 000 pieds de long, 600 pieds de large », de préciser M. Dubé.

À vol d’oiseau, on peut y lire Isabelle 2005 et voir une grande croix, tout cela fait avec des arbres. Aussi, 2 000 pins blancs ont été plantés plus au sud, « une espèce noble, qui peut vivre jusqu’à mille ans, mais aussi fragile, comme la vie », de dire Lucien Dubé. 

À la mémoire d’Isabelle

Les administrateurs bénévoles du Club Sportif Appalaches, sous le toit duquel se trouve le centre de ski de fond, fondé en 1960, ont aussi décidé d’honorer la mémoire d’Isabelle en donnant à la compétition de ski de fond et de raquette, laquelle existe depuis plus de 25 ans, le nom de « Défi Isabelle-Dubé ». 

Isabelle, y a d’ailleurs fait ses débuts toute jeune. « Elle a été encouragée par beaucoup de gens du club », de souligner son père, avec beaucoup de reconnaissance.

De plus, Canmore a honoré la jeune athlète en lui dédiant une murale commémorative que l’on peut voir au www.waymarking.com/waymarks/WMC8GB_Isabelle_Dube_Memorial_Mural_Canmore_AB_Canada

Isabelle Dubé a été inhumé à Canmore, dans les montagnes de l’Alberta, endroit qu’elle avait choisi pour vivre sa vie, le 10 juin 2005. Plus de 500 personnes assistèrent au service funèbre. Une cérémonie commémorative avait également eu lieu le samedi suivant à Cap-Saint-Ignace. D’ailleurs, le pavillon des loisirs de cette municipalité s’appelle Isabelle-Dubé.

Elle laissait alors dans le deuil, en plus de sa famille et ses nombreux amis, son mari et sa fillette de cinq ans. 

Ce qu’il faut se rappeler, de dire son père, « c’est le courage, la ténacité, l’optimisme, la générosité et la bonté d’Isabelle », de conclure sereinement son père.